Name

Eglise Saint-Pierre

Adresse
Au Village
1489 Murist
Koordinaten (WGS 84)
AutorIn und Datum des Eintrags
Camille Noverraz 2024
Informationen zum Gebäude / zur Institution

L'ancienne église de Murist étant devenue trop petite, la question de son agrandissement est débattue dès 1925. La paroisse consulte l'Évêché qui se positionne en faveur d'une nouvelle construction plutôt que d'une rénovation, décision motivée par l'inflation et le risque d'une augmentation rapide des coûts de construction (Conseil paroissial de Murist, 1937). En février 1937, l'Évêché accorde son autorisation pour la destruction de l'ancienne église et les travaux peuvent commencer (Évêché de Fribourg, 1937).

Plusieurs architectes sont en concurrence pour l'obtention du mandat, dont Augustin Genoud et deux membres du Groupe de Saint-Luc, Albert Cuony et Fernand Dumas. Ayant proposé le projet le plus cher (180'000 frs contre 161'000 pour Cuony), Dumas est néanmoins poussé par la paroisse à simplifier son projet afin de baisser son coût (Maillard, 1936), ce qui engendre la colère de Genoud qui se retrouve une nouvelle fois écarté au profit de l'architecte du Groupe de Saint-Luc (Torche-Julmy, 1995, p. 10-12). Pour des raisons tant économiques que de divergences esthétiques, le Conseil paroissial bride les ambitions de l'architecte, qui aurait souhaité une architecture bien plus moderne, concentrant tous les volumes sous un même faîte : abside, nef et baptistère formant une contre-abside. De ces réflexions, il ne reste que l'idée du baptistère dans l'axe, parti très original qui permet de mettre en valeur cet élément essentiel dans la liturgie catholique. La silhouette de l'église, sa toiture et son revêtement en pierre de la Molière demeurent ancrés dans une tradition régionale qui caractérise plusieurs des églises de Dumas à cette époque (Lauper, 1995, p. 24-25).

La première pierre de l'édifice est posée en mai 1937 et la nouvelle église est consacrée le 19 octobre 1938 (Waeber, 1957, p. 234). Le chantier de la décoration intérieure commence en juin 1938 et ne sera achevé qu'en juin 1940 avec l'inauguration des nouvelles orgues (Gammaldi, 2021, p. 120). Pour la décoration, Dumas fait appel à Paul Monnier et Paul Landry, auquel il confie la décoration du baptistère, la polychromie générale et les peintures décoratives de la nef, ainsi que les vitraux. Monnier se voit attribuer le mandat le plus important, avec la réalisation de la grande peinture murale du choeur dédiée à saint Pierre et le chemin de croix en peinture sous verre. Le peintre Emilio-Maria Beretta obtient une contribution plus modeste, puisqu'il ne réalise que le dessin des émaux peints de l'antependium du maître autel et des retables des autels latéraux, réalisés par l'artiste François Ribas (Torche-Julmy, 1997, p. 25). Enfin, l'orfèvre du Groupe de Saint-Luc, Marcel Feuillat, conçoit le groupe en bronze surplombant le couvercle des fonts baptismaux, le tabernacle et les anges qui l'accompagnent, ainsi que les chandeliers d'autel.

L'église de Murist constitue une très intéressante réalisation du Groupe de Saint-Luc, avec l'avantage d'avoir conservé dans l'ensemble sa polychromie d'origine. Malgré un souhait de la paroisse d'éclaircir l'intérieur de l'église à la fin des années 1970, la Commission cantonale des Monuments historiques recommande de ne procéder qu'à un rafraîchissement des peintures et de maintenir les couleurs originelles (Chatton, 1979). Cette polychromie imaginée par Landry est principalement articulée autour de teintes chaudes : le rouge sombre, le jaune et le brun, qui sont déclinés dans l'ensemble de la décoration : vitraux, antependium, peintures murales et carrelage, et mis en valeur par la présence du bois pour les portes et le mobilier, fourni par la maison Held de Montreux. Le baptistère constitue l'un des éléments parmi les plus intéressants de la production de Fernand Dumas et des artistes du Groupe de Saint-Luc. Sa disposition au centre du massif sud-ouest de l'église, dans l'axe, le met directement en dialogue avec l'abside du choeur auquel il répond par sa forme circulaire, tout en contrastant par sa décoration aux teintes aquatiques, oeuvre de Landry, avec la chaude mise en couleur de la nef et du choeur.

Literatur

Chatton, E. (1979, 5 février). Lettre d'Etienne Chatton de la Commission cantonale des Monuments historiques au Conseil paroissial de Murist. Archives de l'Evêché de Fribourg, Suisse, dossier Murist.

Conseil paroissial de Murist. (1937, 10 février). Lettre du Conseil paroissial de Murist à Mgr Besson. Archives de l'Evêché de Fribourg, Suisse, dossier Murist.

Évêché de Fribourg. (1937, 16 février). Lettre de l'Evêché de Fribourg au Conseil paroissial de Murist. Archives de l'Evêché de Fribourg, Suisse, dossier Murist.

Gammaldi, N. (2012). Recherche des causes et mécanismes de dégradation d’une peinture murale à l’huile de 1938 : Baptistère de l’Eglise paroissiale Saint-Pierre de Murist (FR). (Mémoire de Bachelor inédit). Scuola universitaria professionale della Svizzera italiana.

Lauper, A. (1995, octobre). Nova et Vetera : Fernand Dumas bâtisseur d'églises. Le Groupe de St-Luc (Patrimoine fribourgeois), (5), 17-28.

Maillard, A. (1936, 19 décembre). Lettre de l'abbé Alphonse Maillard à Mgr Besson. Archives de l'Evêché de Fribourg, Suisse, dossier Murist.

Torche-Julmy, M.-T. (1995, octobre). Mgr Besson et le renouveau de l'art sacré. Le Groupe de St-Luc. (Patrimoine fribourgeois), (5), p. 9-12.

Torche-Julmy, M.-T. (1997). Redécouverte d'un artiste : son oeuvre fribourgeoise. Dans P. Rudaz (dir.), Emilio Maria Beretta : [exposition]: Musée du pays et Val de Charmey, [du 23 novembre 1997 au 8 février 1998] (p. 11-21). Charmey, Suisse : Musée du pays et Val de Charmey.

Waeber, L., Schuwey, A. (1957). Églises et chapelles du canton de Fribourg. Fribourg, Suisse : Saint-Paul.