Dalle de verre présentant une composition abstraite avec d’épaisses dalles de verre aux formes irrégulières et brutes, dans les tonalités bleues, animées par quelques petites pièces jaunes.
Pour permettre une meilleure manipulation de l’œuvre, dont le poids total s’élève à 250 kilos, la dalle de verre est composée de trois panneaux de formes irrégulières qui s’imbriquent les uns dans les autres.

Etat de conservation très bon. Attention lors de la manipulation: très lourd et fragile. La dalle est divisée en trois morceaux de formes irrégulières.

Cette dalle de verre présente deux particularités techniques caractéristiques de l’œuvre de Michel Guével: elle est d’une part composée de morceaux de verre aux formes brutes et grossières, travaillées au moment de la fusion. Les dalles sont d’autre part assemblées avec de la résine époxy (Briard, 2013). La technique traditionnelle de la dalle de verre utilise souvent un réseau de béton armé pour sertir des dalles de verre d’une épaisseur régulière (environ 3 cm).

Cette création est donc emblématique du vif intérêt de Michel Guével pour la matière. Cette passion lui a été transmise par ses parents. Son père Job Guével (1911–2000), féru de chimie, était obsédé par la fabrication du verre et a confectionné lui-même des dalles de verre dès 1947 (Le Télégramme, 2014). Michel Guével illustre l’attachement de son père pour la technicité avec l’anecdote suivante: “Un jour, il avait utilisé l’anneau d’or de sa grand-mère pour obtenir le rose qu’il espérait créer en fondant le verre.” (Ouest France, 2014). Michel Guével poursuit ces recherches sur la technique de la dalle de verre, ensemble avec sa femme Tao, dans leur atelier au Moulin Le Roy, à Valmondois, au nord ouest de Paris.

Dans une lettre adressée le 10 mai 1988 à Pierre Fasel, conservateur du Musée du Vitrail de Romont, l’artiste indique le titre de l’œuvre, “Pierre instable”, et note le poème de MacDiarmid dont il découle. Guével a lu ce dernier dans la Nouvelle Revue Française N° 247, publiée en juillet 1973, dans laquelle Claude Henry présente l’œuvre “Haute grève” de MacDiarmid, traduite par ses soins. Hugh MacDiarmid est le nom de plume du poète écossais Christopher Murray Grieve (1892–1978).

“Au plus profond de la nuit froide de l’automne
Le monde comme une pierre instable
Vacille dans le ciel,
Et mes souvenirs fous s’abattent
Ainsi qu’un tourbillon de neige.

Tourbillon de neige qui m’empêcherait de lire
Les mots inscrits dans la pierre
Même si les mousses de la gloire
Et les lichens de l’histoire
Ne les avaient recouverts.”

La raison pour laquelle la dalle de verre a été exposée au musée sous le titre “Incandescence bleue” et non “Pierre instable” n’est pas connue.