Forschung
Jean-Edouard Castella, obtient sa première commande verrière en 1903 pour l’église Saint-Michel d’Heitenried, alors qu’il n’a aucune expérience dans le vitrail. Jeune artiste fribourgeois né en Australie en 1881, il rentre à Fribourg en 1887 avec sa famille pour suivre sa scolarité. Il fréquente l’Ecole des Arts et Métiers de Fribourg dès 1897 où il suit les cours de Ferdinand Hodler. Dès 1899, il étudie à Munich d’abord à l’école du peintre Heinrich Knirr (Arnaud, 2008, p. 54) où il se lie d’amitié avec Paul Klee (Clerc, 2016, p.11) puis à l’Académie des Beaux-arts jusqu’en 1902. Cette même année il fait un voyage d’étude à Florence; il est particulièrement impressionné par les vitraux de San Michel et Santa Maria Novella qu’il dessine. Il parfait sa formation à Paris jusqu’en 1903 à l’Académie Julian chez le peintre et sculpteur Jean-Paul Laurens (Arnaud, 2008, p. 54). Après un nouveau séjour en Australie entre 1906 et 1910, où il développe sa technique dans l’art du vitrail auprès de l’atelier Robinson & Co pour lequel il crée une série de compositions décoratives inspirées de la flore et de la faune australiennes (Clerc, 2016, p. 11), il revient à Fribourg et continue sa carrière de peintre-verrier.
Durant la première partie des années trente, Castella obtient de nombreux mandats et réalise des vitraux notamment pour le temple de Meyriez (1930), la chapelle Saint-Nicolas de Granges-sur-Bossonens (1933), l’église Notre-Dame-de-L’Assomption de Sommentier (1934-1935) et celle de Saint-Ours (1935). Durant cette période, il crée des vitraux aux couleurs denses et soutenues, mélange de manière complexe courbes et formes droites et élabore des dessins aux compositions souvent chargées, laissant peu de place à des zones neutres. Il multiplie les morceaux de verres qui sont plutôt petits et crée des contrastes assez fort. Ce vitrail dédié à la crucifixion est tout à fait dans cette veine et date donc vraisemblablement de cette période.
En 1931, Castella réalise deux verrières pour la petite chapelle Unserer Lieben Frau des Erbarmens, située dans le hameau de Richterwil sur la commune de Bösingen (Lauper, 2012, p. 354) qui sont très proches stylistiquement de cette crucifixion, bien qu’un peu moins rigides et composées de plus de courbes. L’une des deux est également consacrée au thème de la crucifixion. Une comparaison attentive nous permet de remarquer que sa structure est pratiquement identique à ce vitrail, les contours de la croix étant notamment esquissés avec des pièces de verres blanches très fines disposées avec une certaine distance entre elles. Une visite sur place nous a permis de constater que les dimensions de cette partie inférieure consacrée à la crucifixion correspondent exactement à celles de ce vitrail. Cette similitude ne peut être un hasard, il y a forcément un lien, au-delà de leur date de création, entre ces deux réalisations. Nous pouvons nous demander si Castella avait peut-être créé préalablement ce vitrail, aujourd’hui en dépôt au Vitromusée, pour la chapelle et que lors de sa pose, il s’est rendu compte qu’il était trop sombre et que cela ne fonctionnait pas dans ce petit espace ? Il est bien difficile de l’affirmer. il faudra consulter les archives de la paroisse de Bösingen pour pouvoir peut-être soulever le voile sur ce mystère!
Datierung
Vers 1930
Zeitraum
1930 – 1935
Eingangsdatum
1995
Eigentümer*in
Inventarnummer
VMR 373