Provenant de la collection T. Anstey Guthrie dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1934, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1589, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. C.73-1934).
Le vitrail représente une scène vétérotestamentaire : le suicide de Saül, roi d’Israël, après sa défaite face au Philistins, décrit dans le premier (31, 1-6) et le second livre de Samuel (1, 1-16). Le modèle de cette composition, d’une grande efficacité, n’a pas été identifié.
Famille bourgeoise de Zurich, les Wegmann est un patronyme peu étudié et leur généalogie reste lacunaire. Leur ancêtre est probablement Rudolf, tanneur de Tagelswangen, qui acquit la bourgeoisie de Zurich en 1469. Ses fils Hans, Maternus et Rudolf furent à l'origine de trois branches. Celle de Rudolf s'éteignit à la fin du XVIe siècle et celle de Hans (✝︎1531) probablement au XVIIe siècle. Jusqu'au XVIIIe siècle, les Wegmann comptèrent en tout dix-sept membres du Grand Conseil et huit du Petit Conseil. Souvent au service de l'Etat, ils furent cependant rarement baillis (Hürlimann 2015, consulté le 16 février 2021).
Maître de la corporation des tanneurs en 1585, Hans Rudolf Wegmann (ou Wägmann) serait devenu administrateur de la forêt de la Sihl en 1586, bailli de Rümlang (ZH) en 1587 et, de 1588 à 1590 puis de 1604 à 1606, capitaine du protectorat de la principauté abbatiale de Saint-Gall, assuré par les cantons de Zurich, Lucerne, Schwytz et Glaris, qui, rémunéré par l’abbé, siégeait à Wil (cf. V&A, documentation, consultée le 20 décembre 2013 ; Müller 1934, p. 450 ; Schneider 1959, p. 96, n. 7).
Le nom du donateur apparaît également dans plusieurs documents d’archives pour la période donnée (cf. Zurich, Staatsarchivs), dont l’un d’entre eux, conservé aux Archives d’Etat de Saint-Gall, peut être mis en relation de manière certaine avec le donateur du vitrail de Londres : il s’agit de divers rapports rédigés entre 1597 et 1606 opposant effectivement l’abbé Bernard de Saint-Gall à Hans Rudolf Wegmann, „Hauptmann des Abts von St.Gallen“ (St. Gallen, Staatsarchivs, S 001/A.66).
L’emplacement d’origine du vitrail n’a cependant pas pu être établi. Daté de 1589, sa commande pourrait éventuellement avoir un lien avec le titre de capitaine du protectorat de la principauté abbatiale de Saint-Gall obtenu en 1588.
En 1935, Hans Lehmann proposa d’attribuer le panneau de Londres à Wolfgang Bühler, un peintre-verrier de Wil (SG) (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch infirma cette proposition et formula une hypothèse selon laquelle le vitrail serait dû à un peintre-verrier de Zurich (ibid.) ; en 1954, il proposa le nom de Christoph Murer (Boesch 1954f, p. 81).
Bien que de bonne qualité, le panneau de Londres n’est pas de première main : il convient par conséquent de l’attribuer prudemment à l’entourage ou au milieu de Christoph Murer. L’hypothèse zurichoise a été en revanche confortée en 1959 par Jenny Schneider, suite à la découverte au Cooper Union Museum de New York (aujourd’hui le Cooper-Hewitt, Smithsonian Design Museum) du modèle dessiné, qu’elle proposa d’attribuer de manière générique à l’école zurichoise du XVIe siècle (Schneider 1959, p. 96).
Cité dans :
Boesch 1954f, p. 81
Schneider 1959, p. 96