Provenant de la collection T. Anstey Guthrie dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1934, le rondel était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1680, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. C.73-1934).
La mise en page de ce rondel s’inscrit dans la tradition des vitraux de bienvenu de format rond bien établie dans l’ancienne Confédération suisse. Aucune modèle de cette composition n’a été identifié.
Famille de politiciens, probablement issue de la lignée souabe von Hoheneck, ayant acquis la bourgeoise de Bremgarten (AG) en 1452, les Honegger furent constamment représentés au Grand ou au Petit Conseil de cette ville. Entre 1502 et 1794, douze furent avoyer, en charge et ancien, selon un système d'alternance annuelle. À la Réforme, ils se distinguèrent en restant fidèles à la foi catholique. Ils occupèrent de nombreuses fonctions ecclésiastiques. Les Honegger assumèrent souvent la charge de secrétaire des couvents de Muri (AG) et de Wettingen (AG). Quelques officiers au service étranger sont issus de cette famille, qui perdit de sa puissance et de son influence en 1798 (Wohler 2005, consulté le 16 février 2021). Les armoiries représentées sur le panneau de Londres correspondent en effet bien aux Honegger de Bremgarten.
De 1650 à 1662, Mathias Honegger est documenté comme curé de Eggenwil (AG). En 1680, comme le précise le vitrail de Londres, il était secrétaire du chapitre de Zoug (ZG) et de Bremgarten ainsi que curé de Beinwil (AG). Puis, de 1685 à 1701, il est curé de Villmergen (AG) puis chambrier du chapitre de Mellingen (AG).
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’a pas pu être établi. La commande de ce rondel pourrait toutefois avoir un lien avec les diverses charges que le commanditaire obtint en 1680.
En 1935, Hans Lehmann attribua ce rondel au peintre-verrier zougois Michael IV Müller (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch infirma cependant cette attribution (ibid.). En 1957, ce dernier signala un second rondel commandé par le même donateur que le vitrail de Londres ; daté de 1698, il serait dû à un peintre-verrier lucernois et conservé depuis 1954 au Musée historique de Lucerne : sur cette base, Boesch émit l’hypothèse que le vitrail de Londres pourrait également avoir été réalisé par un peintre-verrier lucernois (Boesch 1957, p. 59).
Le rondel de 1698 n’apparaît plus dans les inventaires du Musée historique de Lucerne (Isabelle Roth, communication écrite, 22 octobre 2021) ; il existe cependant une photographie ancienne de cette oeuvre conservée au Musée national suisse à Zurich (SLM 44009), confirmant ainsi les dires de Boesch.
L’hypothèse lucernoise est également confortée, outre par le style, par le réseau de la ville de Bremgarten, en étroite relation avec Lucerne, également catholique, bien que le nom de Mathias Honneger n’apparaisse pas dans l’ouvrage de Hans Lehmann sur l’histoire du vitrail de cette ville (Lehmann 1941).
Cité dans
Boesch 1957, p. 59, no 10