Légué avec d’autres vitraux au Victoria and Albert Museum en 1907 par Matilda Mary Wesley (c.1831-1907), la provenance du vitrail n’est pas connue. Lors de son entrée dans les collections, il était considéré comme suisse et daté de 1691, comme indiqué entre les deux écus (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Schönenberg an der Thur est une ancienne juridiction du canton de Thurgovie, rattachée aujourd’hui au district de Bischofszell. En 838, Bernwig, abbé de Saint-Gall, remit le village en fief à un certain Wolvini. Au XIIe siècle, des ministériaux de l'évêque de Constance y firent construire un château fort, qu'ils appelèrent Schönenberg, nom peu à peu utilisé au XIVe siècle pour désigner aussi le village. En 1360, l'évêque de Constance reprit la basse justice et forma la juridiction de Schönenberg an der Thur, comprenant les Rotten d'Andreuti, Aspenreuti, Katzensteig et Kenzenau ; il en confia l'administration à son bailli de Bischofszell, qui la conserva jusqu'en 1798, lorsque s’est constituée la commune. Au spirituel, Schönenberg an der Thur a toujours fait partie de la paroisse de Sulgen. Les habitants pratiquaient la culture des céréales avec assolement triennal, la culture des fruits, de la vigne, les cultures maraîchères et fourragères. Un moulin, cité en 1361 déjà, resta en activité jusqu'en 1958. Un droit de meunerie fut octroyé en 1676 pour le moulin du bas, qui fut exploité jusqu'en 1880 (Trösch 2011, consulté le 20 septembre 2020).
Les donateurs du rondel de Londres sont Johann Engeli, meunier de Schönenberg, paroisse de Sulgen, et Anna Vogt de Güttingen, paroisse de Kreuzlingen. Leur acte de mariage est documenté le 24 octobre 1682 dans les registres d’état civil de Schönenberg an der Thur, paroisse de Sulgen : „Johannes Engeli. des Johannes Engeli zu Schönenberg ehelicher Sohn, und Anna Vögtin, Müllerin von Güttingen“ (cité dans Boesch 1955a, p. 100).
L’emplacement d’origine du vitrail n’a pas pu être établi.
Signé du monogramme „Forr“, le rondel a pu être attribué à Jakob Forrer (1660-1719) par Hans Lehmann, probablement en 1935, lors de sa visite à Londres, puis par Paul Boesch en 1952 (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; Boesch 1955a, p. 100).
Originaire de l'Obertor à Winterthour, Jakob Forrer fit son apprentissage dans cette même ville avant de gagner au printemps 1694 Berne, où il fut actif pendant plus de dix ans, avant de retourner à Winterthour. En 1690, la clientèle de Forrer s’étendait jusqu’aux confins nord de l’ancienne Confédération, comme en témoignent les comptes de la ville de Stein am Rhein (SH), mais également jusqu’en Suisse orientale, comme le confirme le rondel de Londres, signé et daté de 1691 (cf. Hasler 2018, consulté le 20 septembre 2020).
Cité dans :