La provenance de ce rondel n’est pas établie. Celui-ci a été acheté en 2006 à Heidelberg par un collectionneur établi en Allemagne qui l’a vendu en 2019 au Vitrocentre Romont, avec 28 autres pièces, toutes datant des XVe et XVIe siècles et provenant des anciens Pays-Bas voire, pour quelques-unes d’entre elles, des pays germaniques (Romont, Vitromusée Romont, documentation, inv. VMR 911 et 10022, consultée le 4 avril 2022).Le rondel représente une scène néotestamentaire tirée de l’Evangile selon Jean, relatant la parabole du Bon Pasteur (Jn 10, 1-18) : „Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père“.
Au premier plan, le rondel met en scène le Christ, reconnaissable à son auréole et ses stigmates, défendant calmement un troupeau de brebis d’un loup ; au second plan, un moine, vêtu d’une bure (un franciscain ?), prend la fuite, tandis que son troupeau s’éparpille de manière désordonnée.
L’invention de cette composition n’a pas été identifiée. Il existe cependant de nombreuses représentations de cette parabole qui peuvent se subdiviser en trois types : soit le Christ est représenté en pied portant une brebis sur ses épaules, soit il est représenté en pied voire assis au milieu de brebis, soit le Christ défend un troupeau d’un loup, comme dans le rondel du Vitromusée Romont.
Plusieurs exemplaires gravés du XVIe siècle nous sont parvenus, à l’instar d’une xylographie de Virgil Solis (1514-1562) (Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum, inv. VSolis WB 3.60), d’un burin édité par Gerard de Jode (1509-1591) (Braunschweig, Herzog Anton Ulrich-Museum, inv. GdJode-Verlag AB 3.220) ou encore d’un autre burin gravé par Julius Goltzius (v.1550-v.1595), d’après Maarten de Voos (1532-1603) (Philiadelphia, Museum of Art, Prints, inv. 1985-52-1580).
L’art du vitrail n’échappa pas non plus à cette mode, comme en témoignent plusieurs vitraux du XVIe siècle, principalement produits dans les anciens Pays-Bas, les pays germaniques et probablement la France méridionale (cf. Berserik et Caen 2007, p. 231 ; id. 2014, p. 87-88 ; id. 2019, p. 43), dont un exemplaire, aujourd’hui remonté à la St. Nicholas Chapel, à Cholmondeley Castle, dans Cheshire (Angleterre), qui reprend le motif du Christ defendant un troupeau d’un carnassier (sur l’exemplaire de Cholmondeley, voir id. 2014, p. 88), laissant supposer qu’un modèle dessiné voire gravé devait effectivement circuler à l’époque.
En 2008 puis en 2009, Klaus Tiedemann émit l’hypothèse selon laquelle le rondel aurait pu avoir été exécuté dans les anciens Pays-Bas vers 1560 (cf. Tiedemann 2008, p. 52 ; id. 2009, p. 100). Si une datation dans la seconde moitié du XVIe siècle doit en effet être conservée, il n’est pas impossible cependant que ce vitrail, caractérisé par des formes rondes et un important emploi de jaune d’argent et de sanguine, ait pu être exécuté dans quelques pays germaniques.