La provenance de ce vitrail n’est pas établie. Celui-ci a été donné au Vitromusée Romont lors de la fondation et de l’inauguration de l’institution : il figure en effet dans le premier guide du musée, publié en 1981 par Georges Borgeaud, Pierre Fasel, Yoki (Emile Aebischer) et Peter Friedli (Borgeaud et al. 1981, p. 32 ; Vitromusée, Documentation, inv. VMR 35, consultée le 15 juin 2022).
À l’état fragmentaire, le vitrail représente une sainte auréolée, en buste, dont l’identité n’est pas établie, bien que ce type de représentation hiératique soit généralement réservé à la Vierge Marie. Pourvu de nombreux compléments et repeints, le vitrail a été fortement remanié notamment dans la seconde moitié du XIXe siècle voire dans le premier quart du XXe siècle.
Une note non signée ni datée, conservée à la documentation du Vitromusée Romont, attribue au vitrail une origine française (cf. Vitromusée, Documentation, inv. VMR 35, consultée le 15 juin 2022). Cette hypothèse, non étayée, n’a pas pu être confirmée ou infirmée. Le visage de la sainte est cependant représentatif du style 1200, un courant européen à cheval entre le roman et le gothique, caractérisé par des réminiscences antiques et byzantinisantes.
À titre d’exemple, le panneau de Romont peut être comparé à la Vierge à l’Enfant de Flums (SG). Provenant de la chapelle Saint-Jacques de Gräpplang, dont elle ornait l’unique fenêtre du choeur, la Vierge de Flums constitue non seulement le plus ancien vitrail figuratif de l’ancienne Confédération helvétique, puisqu’on l’a datée entre 1180 et 1200, mais également un des rares exemples qui nous soit parvenu de verrière produite en Suisse à l’époque romane (sur ce vitrail, voir Cat. exp. Zurich 2021).
Celle-ci fut découverte en 1884 par l’historien de l’art Johann Rudolf Rahn (1841-1912), pionner en Suisse de la conservation des monuments historiques, qui, pour la soustraire au marché de l’art des antiquités qui sévissait alors en Suisse, réussit à placer l’oeuvre au Musée historique de Saint-Gall puis au Musée national suisse, où elle est aujourd’hui conservée (Zurich, Musée national suisse, inv. IN-35 – cf. Rahn 1890, p. 314-315 ; Kurmann-Schwarz 2012, p. 348).
À titre d’hypothèse, il n’est pas impossible que la Vierge à l’Enfant de Flums, maintes fois reproduite tant en couleurs qu’en noir et blanc dès 1884, ait pu avoir une quelconque influence sur la restauration du panneau aujourd’hui conservé au Vitromusée Romont : les deux vitraux présentent en effet quelques affinités non seulement stylistiques mais également formelles.