Une grande lettre “A” jaune se déploie au centre de la fenêtre sur un fond ornemental composé d’éléments végétaux. En haut à gauche, la couleur verte est suggérée pour la bordure et à côté du rouge.

Taches, trous de punaises

Ce carton est le modèle couleur précis à l’échelle 1:1 du petit vitrail illustrant la deuxième des dix lettres composant les mots latins “panis vivus” (pain vivant) situé au-dessus des trois fenêtres du choeur de l’église Saints-Pierre-et-Paul à Villars-sur-Glâne. Aujourd’hui l’ensemble des ces dix petits vitraux a été déposé pour laisser place à des fenêtres à bornes.
Sur chacun des cartons pour ces lettres, Broillet mentionne une couleur (en haut à droite) avec une esquisse de motif. Il s’agit probablement de la couleur
choisie pour l’arrière-plan ornemental de chaque lettre. Les vitraux ayant aujourd’hui disparu, cette hypothèse n’a pas pu être vérifiée.
Le cycle des vitraux de l’église Saint-Pierre-et-Paul de Villars-sur-Glâne est l’oeuvre d’Henri Broillet et de l’atelier fribourgeois Kirsch & Fleckner, et date de 1916, année de construction du sanctuaire (Lauper, 2012, p. 236; Waeber et Schuwey, 1957, p. 311). Toutes les verrières ont été offertes par les paroissiens (”Restauration de l’église de Villars-sur-Glâne”, 1993, p. 9). Le vitrail dédié à saint François d’Assise est signé et daté : “H. Broillet. FRIBOURG // KIRSCH et FLECKNER, FRIBOURG, 1916”.
Jeune artiste alors âgé de vingt-cinq ans, Henri Broillet réalise à Villars-sur-Glâne son premier cycle verrier, première réalisation d’importance non seulement par la quantité mais surtout par sa qualité. Peintre de la lumière et de la couleur, Henri Broillet pose déjà ici les prémices de ce qui fera sa force en tant que créateur verrier. Il combine un dessin d’une grande clarté à des contrastes de teintes puissants attirant la lumière et venant adoucir ses compositions. Plusieurs verrières sont influencées par l’Art nouveau. Il est à noter que l’ensemble des cartons pour Villars-sur-Glâne sont en noir et blanc (à l’exception des petites fenêtres hautes du choeur). Ce qui semble être un paradoxe pour ce peintre de la couleur n’en est pas un, puisqu’il arrive grâce à une palette extrêmement subtile de gris à conférer une impression colorée à ses dessins. Pour ces cartons, Broillet n’a mentionné aucune indication de couleurs sur le dessin, comme cela se faisait fréquemment grâce à une numérotation correspondant aux codes des couleurs.
L’art verrier constituera une part très importante de sa création artistique qu’il va pratiquer jusque dans les dernières années de sa vie.