Dessin pour deux verrières à double lancettes représentant Jérémie, Moïse, Abraham et Noé.
Sur la verrière de gauche, Jérémie est figuré sur la lancette de gauche. Au centre, il se présente de face, les bras levés au-dessus de sa tête où une bâtisse en ruine symbolise la destruction de Jérusalem. En bas, Jérémie, assis, se tient la tête de sa main droite et se lamente de cette destruction.
Sur la lancette de droite au centre, Moïse se présente debout de face, affichant des cornes sur sa tête dénudée, il porte un rouleau avec les Tables de la Loi devant lui. Il tient de sa main gauche une épée dont la pointe est posée au sol. Au-dessus, un serpent, d'où s'échappent des rayons lumineux, se présente devant un fond brun et jaune. En bas, Moïse, sur un cheval et les bras levés, s'apprête à séparer les eaux de la mer.
Sur la verrière de droite, Abraham se présente sur la lancette de gauche. Au centre, il est debout, tient un poignard de sa main droite qu'il soulève au-dessus de son fils Isaac, couché devant lui. Il s'apprête à le tuer mais un ange au-dessus de sa tête l'interpelle pour arrêter son geste. En bas, un bélier se tenant debout sera sacrifié à la place d'Isaac.
Sur la lancette de droite, Noé, debout au centre, lève sa tête et récupère la colombe qui revient avec un brin d'olivier dons son bec. Le soleil brille au-dessus d'eux. Un animal à cornes se tient à gauche de Noé et regarde ce qu'il fait alors que Noé pose un pieds sur la tête d'un ours. En bas, Noé, assis, tient une coupe de sa main gauche et une grappe de raisins de la droite qu'il présente à sa bouche.
Au verso, une esquisse d'un Christ bénissant.

Taches

Cette maquette en couleur de deux fenêtres à double lancettes est le troisième projet pour les deux verrières à droite dans le choeur du temple de Coppet.
Clément a réalisé trois autres dessins pour ces deux verrières (CHC_051, le recto de CHC_052 et CHC_053). Sur cette troisième ébauche, il reprend la majeure partie des éléments formulés dans la seconde version. Pour la scène inférieure de la lancette consacrée à Abraham, il remplace la scène du prophète par le bélier. Pour la scène centrale de la lancette consacrée à Jérémie, celui-ci est toujours présenté debout de face les bras levés, mais sa tête se penche légèrement vers le bas. Pour la scène inférieure, il renonce au prophète se lamentant sur la perte de Jérusalem pour esquisser un épisode relatant la destruction des idoles.
Dans le fonds graphique de l'atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner, donné au Vitrocentre Romont en 1991, il existe deux cartons définitifs, KF_1237 et KF_1238, pour ces verrières. Leur comparaison avec les quatre maquettes nous permet de voir que de nouveaux changements conséquents dans le processus créatif ont été opérés après la réalisation des maquettes. Les protagonistes sont non seulement distribués différemment, mais l'un d'entre eux a aussi été remplacé. Jérémie est associé à David et Moïse à Abraham. Noé, remplacé par David, a été déplacé dans une fenêtre haute à droite dans la nef qui sera réalisée l'année suivante. La lancette consacrée à Jérémie a subi des changements dans les trois parties. Au centre, Jérémie ne se présente plus les bras au-dessus de sa tête mais la tête prise entre ses mains, en signe de désespoir après la perte de Jérusalem. Clément et les commanditaires semblent avoir choisi de réunir les trois scènes précédemment esquissées en une seule. De nouvelles scènes pour les parties supérieures et inférieures ont en conséquence été redéfinies. Pour la lancette de Moïse, le dessin définitif pour la partie centrale de la verrière est un mélange des deux esquisses en couleur, les CHC_053 et CHC_051. La lancette consacrée à Abraham a également subi des modifications. Au centre, l'épisode du sacrifice d'Isaac a été déplacé dans le temps. Nous sommes après l'intervention de l'ange qui a permis de sauver Isaac. Celui-ci se trouve debout devant son père qui pose un bras protecteur sur son épaule. Il est étonnant de constater que la posture d'Abraham n'a pratiquement pas changée. La main qui tenait le poignard est toujours dans la même position mais est ouverte et ne tient plus d'arme. L'autre se trouve encore le long de son corps, mais elle ne voile plus le regard de son fils pour l'épargner de l'horreur qu'il va subir.
Charles Clément réalise les vitraux pour le temple de Coppet en deux phases. Il est appelé une première fois pour les vitraux du choeur (Crucifixion et les deux verrières d’évangélistes) entre 1933 et 1934, qu’il réalise en collaboration avec l’atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner. Vingt ans plus tard, en 1953-1955, il réalise avec l’atelier Kirsch frères les vitraux pour la nef et la façade occidentale.
En 1933, il est de retour en Suisse depuis une année après cinq ans passés à Paris et Marseille et continue son activité liée au vitrail (Rouiller, 1989, p. 199-200) commencée dix ans auparavant avec des verrières pour le temple d'Arnex (1922) (Courthiau, 2011, p. 327). Alors qu’il débute son travail pour les verrières du temple de Coppet, il est en train de terminer celui pour la cathédrale de Lausanne. Il y a réalisé quinze vitraux entre 1930 et 1934. Il vient également de terminer la grande verrière du choeur pour l’église de la commune voisine de Coppet, Commugny (1933), et va s’occuper de la création des vitraux pour le temple de Cuarnens (1935) (Rouiller, 1989, p. 205).
Lorsqu’il commence la seconde phase de sa création à Coppet, Clément s’occupe en même temps de la réalisation de cinq vitraux pour l’église de Crêt-Bérard à Puidoux et de quatre verrières pour l’église réformée de Goumoens-la-Ville (1953). En juin 1954, le vitrail du Christ Roi pour l’église Saint-Luc à Lausanne est inauguré (Rouiller, 1989, p. 205).
Entre ces deux époques le style de Clément a évolué. Pour les trois verrières du choeur, l’artiste compose un dessin avec une multitude de pièces de verres très petites et modèle ses personnages dans un style cubiste. Vingt ans plus tard, il simplifie ses motifs, agrandit les verres et va à l’essentiel. Son travail sur la couleur semble suivre le même chemin. Alors qu’il juxtapose une multitude de couleurs dans ses premières verrières, parfois se contrastant fortement, il préfère l’harmonie des teintes dans cette seconde phase créative. La verrière du Jugement dernier en est un parfait exemple. Composée dans une déclinaison allant du lie de vin au mauve, l’impression générale est harmonieuse et paisible alors que le vitrail consacré à la Crucifixion dégage une impression d’hétérogénéité qui fait néanmoins toute la force de la verrière.