Provenant de la collection Henri Vaughan, dont les vitraux ont été légués en 1900 au Victoria and Albert Museum, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1549, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Le vitrail représente les armes de la maison des Blarer de Wartensee, une importante branche de la famille des Blarer qui étaient à l'origine bourgeois de Saint-Gall. À partir de 1330, les Blarer déplacèrent leurs activités à Constance, où ils s'enrichirent dans le commerce de la toile. La Réforme les divisa en deux lignées, dont celle catholique ne tarda pas à disparaître. Les Blarer von Wartensee se détachèrent du tronc principal entre 1330 et 1363. De la fin du XVe au milieu du XVIIe siècle, les Blarer connurent leur apogée et étendirent leur domination en direction du nord-ouest (Ellwangen, évêché de Bâle). On dénombre durant cette période pas moins de onze dignitaires ecclésiastiques. Ensuite commencera le déclin de la famille qui se prolongera jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, alors que sa sphère d'influence se déplace vers le sud-ouest de l'Allemagne (cf. Bosshart-Pfluger 2008, consulté le 6 mai 2021).
Le donateur représenté dans le panneau de Londres est Jacob Gaudenz Blarer de Wartensee, fils de Hans Jakob Blarer von Wartensee, mort en 1534, et d’Apollonia von Syrgenstein (ou Sürgenstein), morte en 1537, dont le couple serait représenté dans un vitrail anciennement conservé dans la collection Drake (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). Marié en premières noces avec Apollonia von Ratzenried puis, en 1559, en secondes noces avec Johanna von Hausen, Jacob Gaudenz Blarer de Wartensee eut au moins quatre enfants, avant de mourir en 1580 (cf. Kindler von Knobloch 1898, p. 98).
Dans la partie supérieure figure une bataille dont l’identification ou le lien avec le donateur n’a pas pu être établi. Aussi, l’emplacement d’origine du vitrail n’est pas connu, bien que les châteaux des Blarer de Wartensee se présentent comme de potentiels candidats (cf. Naef 1850, p. 976-978).
En 1923, Paul Ganz proposa d’attribuer prudemment ce vitrail au peintre-verrier zurichois Carl von Egeri (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). Cette proposition a été suivie à une date indéterminée, peut-être en 1935, lors de son passage à Londres, par Hans Lehmann, puis en 1952 par Paul Boesch (ibid. ; Boesch 1954f, p. 78). La composition, le style et la qualité du panneau de Londres rappellent en effet les oeuvres de ce peintre-verrier, à l’instar d’un vitrail de 1554 aux armes de Berne, où l’on retrouve le même type d’architecture et de grisaille, notamment dans la manière de modeler et réaliser les visages (Berne, Musée historique, inv. 418 – cf. Hasler, Keller, Bergmann 2016, BE_989, consulté le 6 mai 2021).
Plusieurs vitraux et modèles dessinés comportant les armes des Blarer nous sont parvenus, dont un modèle dessiné pour un vitrail héraldique daté de 1578 et signé du monogramme TW (Thüring Walther ? – cf. Hasler 1996/7, cat. 220), un dessin représentant un rondel armoirié daté de 1606 dû à un artiste anonyme (ibid., cat. 673), tous deux conservés au Musée historique de Berne, et un vitrail de baillage zurichois de 1611 dont la localisation actuelle est inconnue (cf. Mensger 2012, vol. 1, p. 89).
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