Charles Wasem (1875-1961) ouvre son atelier au début en 1920 à Veyrier. Originaire du Val-de-Travers, l'artiste se forme autour de 1900 dans l'atelier neuchâtelois de l'artiste anglais Clement Heaton (1861-1940), où il y apprend l'art du vitrail et de la mosaïque (Z'Graggen, 1955), ainsi que les procédés techniques traditionnels de fabrication du verre que Heaton fond et colore lui-même (Quellet-Soguel, 1998). Il y travaille ensuite durant environ treize ans en tant qu'employé puis en tant que chef d'atelier (Kaiser, 2020, p. 34, Abbaléa, 2010, p. 638).
A la fin de l'année 1917, il est appelé par l'artiste peintre-verrier et maître-verrier genevois Marcel Poncet (1894-1953), afin de collaborer avec lui à la mise en place d'une fabrique de verre à vitrail construite à Bossey-Veyrier en 1920 (Kaiser, 2020, p. 34-35). Le projet, financé et contrôlé par la verrerie de Saint-Gobain tourne vite à l'échec, en raison du manque d'expérience des deux artistes et d'un matériel inadapté ou mal utilisé (Donche-Gay, 1994, p. 35-36). La verrerie cesse déjà ses activités à la fin de l'année 1921 (Kaiser, 2020, p. 35), et Wasem poursuit ses activités de manière indépendante dans son atelier.
En 1922, en association avec Marcel Poncet, il réalise une partie des vitraux des fenêtres hautes de l'église Saint-Paul de Cologny sur les projets de Maurice Denis (par exemple GE_08.25) et exécute également une mosaïque de Denis pour le même édifice. En 1924, il prend en charge dans son atelier la réalisation des vitraux du temple de Carouge d'après les dessins d'Erich Hermès (1924) (par exemple GE_05.02) et ceux dessinés par Philippe Robert pour le temple de Corcelles dans le canton de Neuchâtel (1924-1925).
En 1927, le fils de Charles, Jacques (1906-1985), rejoint son père au sein de l'atelier. Si Charles avait jusque-là principalement travaillé comme maître-verrier, concevant dans l'atelier des vitraux d'après les projets de différents artistes, Jacques se positionne quant à lui en tant que maître-verrier et peintre-verrier, dessinant de nombreux vitraux réalisés au sein de l'atelier. Parmi les réalisations principales de leur atelier, on peut citer les vitraux genevois du temple des Pâquis (1931), dessinés par Jacques (par exemple GE_22.01) ; du temple de Jussy (1931) sur les cartons de Serge Pahnke (GE_34.02) ; et du temple de Saint-Jean (1933) sur les cartons d'Erich Hermès (GE_29.09). Ils sont également les auteurs des vitraux du temple d'Yvonand (1937) ; du temple des Buttes dans le Val-de-Travers (1948-1949) ; ainsi que des vitraux du temple de Peseux sur les cartons de Charles L'Eplattenier (1933-1934).
Exploitant le savoir technique acquis auprès de Heaton puis lors de l'expérience de la fabrique de Bossey-Veyrier, les deux artistes figurent parmi les rares artisans de Suisse qui sont en capacité de réaliser entièrement eux-mêmes leurs vitraux, du dessin des projets à l'exécution, à l'instar de Marcel Poncet dans son propre atelier (Reymond, 1992). A l'aide d'un four qu'ils ont construit de leurs mains, ils fabriquent dès le milieu des années 1950 leurs propres verres pour la réalisation de vitraux dans la technique de la dalle de verre (Z'Graggen, 1955 ; "Du sac de sable au vitrail achevé ...]", 1956). Cette technique, qui consiste à sertir dans un réseau de béton des pièces de verre épais est mise au point en France dès le milieu des 1925 et commence à être exploitée en Suisse par plusieurs ateliers dès le début des années 1950 (Noverraz, Sauterel, Wolf, 2020). Parmi les oeuvres réalisées par l'atelier dans cette technique, on peut citer les dalles de verre du temple de Troinex (env. 1958, par exemple [GE_115.02) et, par Jacques seul, les vitraux de l'église Saint-Nicolas de Flüe à Genève en 1967 (GE_93.04), ainsi que les vitraux de l'église Saint-Martin d'Onex (GE_108.04).
Dès le début des années 1960, Jacques est assisté de son fils Blaise (né en 1935), troisième génération de maître-verrier au sein de l'atelier (C., 1962).
Abbaléa, S. (2010). Jacques Wasem. Dans K. Tissot (dir.), Artistes à Genève de 1400 à nos jours (p. 638). L'APAGe, Notari.
C., J.-D. (1962, 28-29 juillet). Chez Jacques Wasem, verrier : Résurrection du vitrail. Journal de Genève, 17. https://www.letempsarchives.ch/page/JDG_1962_07_28/17/article/7244310/%22Charles%20Wasem%22
Du sac de sable au vitrail achevé. Visite à deux "artisans complets". (1956, 26 janvier). L'illustré. Revue hebdomadaire suisse, 4, 3-4. https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/193175/view?page=3&p=separate&search=%22Charles%20Wasem%22&hlid=4822843571&tool=search&view=0,255,3478,4167
Kaiser, A. (2020). Les techniques du verre coloré : entre artisanat, industrie et art. Dans F. Giese (dir.), La redécouverte de la couleur [catalogue d'exposition] (p. 29-38). Berlin/Boston : Walter de Gruyter.
Noverraz, C., Sauterel, V., Wolf, S. (2021). De béton et de verre : La dalle de verre et ses premières utilisations en Suisse. Monuments vaudois, 11, p. 50-59.
Reymond, V. (1992). Marcel Poncet. Paris, France : L�a� �B�i�b�l�i�o�t�h�èq�u�e� �d�e�s� �A�r�t�s�.
Quellet-Soguel, N. (1998). Heaton, Clement John. Dans SIKART Dictionnaire sur l'art en Suisse. https://www.sikart.ch/KuenstlerInnen.aspx?id=4023072
Z'Graggen, Y. (1955, 13 janvier). Au royaume de la lumière de l'An neuf. Visite à un atelier de mosaïques et de vitraux. Courrier de La Côte. Feuille d'Avis de Nyon et des districts de La Côte, 1. https://scriptorium.bcu-lausanne.ch/zoom/485555/view?page=1&p=separate&search=%22Charles%20Wasem%22&hlid=620886220&tool=search&view=1387,50,2002,866