L'église Saint-Othmar de Broc est édifiée en 1876-1877 d'après les projets du curé architecte Jean-Alexandre Menoud, choisi par la paroisse après consultation des plans de l'architecte Adolphe Fraisse, dont la candidature n'est pas retenue (Moret, Badoud, [1878] ; "Broc, ses origines et son histoire", s.d.). Elle tire son nom de l’ancien édifice bénédictin de Saint-Othmar qui servait d’église paroissiale depuis l’incendie de l’église primitive Saint-Blaise (Rolle, 2004).
Après la Première Guerre mondiale, l'église s'avère insuffisante et un agrandissement est projeté en même temps qu'une rénovation générale. En 1930, l'architecte Fernand Dumas est mandaté par la paroisse pour effectuer une première série de travaux à l'église, notamment au niveau de la tribune (Sudan, [Ecoffey], 1930). Durant cette étape, l'atelier Kirsch & Fleckner réalise les trois rosaces de la façade d'entrée (Sudan, [Ecoffey], 1931). Il est alors déjà question de la rénovation ou du remplacement du maître-autel, mais Fernand Dumas juge que ce travail pourra être entrepris lors des futurs travaux d'agrandissement de l'église (Protocole de la séance du Conseil paroissial, 1932). En 1934, la question de la rénovation est relancée et l'on s'adresse à nouveau à Fernand Dumas, qui présente plusieurs solutions afin d'augmenter la capacité de l'édifice et l'embellir. L'assemblée paroissiale se prononce en 1935 pour celle qui consiste à libérer l'espace jusqu'alors occupé par deux sacristies latérales pour les remplacer par deux chapelles ouvertes sur la nef et le choeur, tandis que deux nouvelles sacristies sont construites à l'extérieur, à l'extrémité du chevet (Sudan, [Ecoffey], 1935a). Les travaux, engagés au printemps 1935, prennent rapidement une ampleur plus importante que prévu, avec une nouvelle chaire, du carrelage au lieu du béton pour le sol du choeur et ses marches. Comme souvent dans ses projets, Dumas met l'accent sur la qualité des matériaux, argument qu'il use pour justifier les dépassements de budget provoqués par ces améliorations non prévues (Sudan, [Ecoffey], 1935b).
Le projet de Dumas se concentre principalement sur un travail artistique très élaboré autour du maître-autel et des autels des chapelles latérales, entrepris en collaboration avec les artistes du Groupe de Saint-Luc à la fin de l'année 1936 (Dumas, 1936). La pièce maîtresse de cet ensemble consiste en un monumental vitrail-retable d'Alexandre Cingria réalisé avec l'atelier Kirsch & Fleckner, dédié au saint patron de l'église, saint Othmar, et flanqué de deux panneaux sculptés et polychromés du sculpteur François Baud. Deux vitraux latéraux, également conçus par Cingria, complètent cet ensemble, tandis que les fenêtres des parois nord-ouest et sud-est, invisibles depuis la nef, sont garnies de vitraux ornementaux dans des tons jaunes, similaires à ceux placés dans les fenêtres des chapelles, également fournis par l'atelier Kirsch & Fleckner (Sudan, [Ecoffey], 1936). L'artiste Paul Landry, qui réalise plusieurs décors peints dans des églises construites ou restaurées par Dumas, se charge des peintures décoratives des voûtes du choeur, garnies de motifs symboliques chrétiens, ainsi que des peintures des autels latéraux. Il conçoit notamment un grand cycle peint sur le thème de la vie de la Vierge pour la chapelle de gauche, prévu pour accompagner la statue de la Vierge à l'Enfant, oeuvre de Baud (ACR Atelier de Conservation et de Restauration S.à.r.l, 1998). Les autels sont travaillés dans un style Art déco typique de la production de ce Groupe, tout comme la polychromie affirmée des murs du choeur et des chapelles. La rénovation est entièrement achevée au début de l'année 1939 (Dumas, 1939).
L'église est entièrement repeinte dans des teintes plus claires en 1971, à l'exception des voûtes du choeur. Cette polychromie a été rétablie en 1999 dans le cadre de travaux de restaurations entrepris sous la direction du Service des Biens Culturels du canton de Fribourg, afin de rendre à ce massif nord-est l'atmosphère particulière, bien que plus sombre, voulue par le Groupe de Saint-Luc (ACR Atelier de Conservation et de Restauration S.à.r.l., 1999). Le maître-autel a également fait l'objet de restauration par l'atelier ACR de Conservation et de Restauration, tout comme les peintures murales de Paul Landry, entre 1998 et 2000 (ACR Atelier de Conservation et de Restauration S.à.r.l, 1998-2000). Dans la chapelle de droite, le grand calvaire attribué à l'atelier de Hans Geiler est intégré par Dumas dans le nouvel aménagement de la chapelle, avec le décor de Paul Landry (Lauper, 2012, p. 124). L'orfèvre Marcel Feuillat est l'auteur du tabernacle et crucifix du maître-autel, et d'un ensemble de chandeliers (Cingria, 1937, p. 33), tandis que le chemin de croix en émail peint, datant de 1943, est l'oeuvre de l'artiste François Ribas (Lauper, 2012, p. 124).
L'importante rénovation entreprise par les artistes du Groupe de Saint-Luc entraîne la disparition des anciens vitraux, probablement issus de l’atelier de Karl Wehrli à Zurich, selon le Dictionnaire historique et statistique des paroisses catholiques du canton de Fribourg (Dellion, 1884, p. 206). Ceux du choeur, qui représentaient les Évangélistes, auraient dû être conservés et replacés dans les fenêtres des chapelles, mais ils seront finalement supprimés sur décision du verrier Vincenz Kirsch et de Dumas, qui estiment que leur réinstallation aurait coûté plus cher que la création de nouvelles verrières (Sudan, [Ecoffey], 1936 et 1937).
En 1958-1959, les fenêtres du transept sont ornées de nouveaux vitraux au plomb réalisés par l'artiste romontois Yoki, en collaboration avec l'atelier Herbert Fleckner. Ces derniers vont également parer les fenêtres de la nef de l'église de verrières en dalle de cristal (Lauper, 2012, p. 124). Il s'agit des seules oeuvres verrières de ce type en Suisse, issues de la Cristallerie de Baccarat, réalisées spécialement pour la nouvelle église Saint-Rémy de Baccarat, oeuvre de l'architecte Nicolas Kazis (Goudal, 2004).
Le choeur reçoit un nouvel autel avec sculptures polychromes de l'artiste Carlo Grisoni à l'occasion du centenaire de l'église, en 1977 (A. N., 1977).
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Broc (FR) Eglise paroissiale St-Othmar : Décoration murale sur la voûte du chœur (Paul Landry, 1935) : Rapport des interventions. Archives du Service des Biens culturels, Fribourg.
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