Suite à l'incendie de la première église datant de la fin du XVIe siècle en janvier 1933, plusieurs architectes fribourgeois sont mandatés pour proposer des projets pour une nouvelle église, plus vaste (Diesbach, 1936, p. 113). Fernand Dumas, personnalité emblématique du Groupe de Saint-Luc, fait partie des architectes en lice, de même que le Fribourgeois Albert Cuony, qui adhérera au Groupe romand de Saint-Luc dès 1935 (Groupe romand de Saint-Luc, 1934). Malgré la recommandation confidentielle de Mgr Besson au curé Toffel lui conseillant Dumas (Besson, 1933), la paroisse oriente son choix vers Cuony, qui a à son actif bien moins de réalisations que son confrère.
Ce sont les dons des paroissiens et des quêtes dans le canton et le diocèse qui permettent de financer cette imposante construction de 42,60 mètres de long et de 17,80 mètres de large sur 11 mètres de haut, s'élevant à un total de 229'000 francs. L'église est construite au même emplacement que l'ancienne. La première pierre est bénite le 27 juin 1934 et l'église est consacrée le 6 juillet 1935. L'édifice est construit avec des matériaux modernes : une ossature en béton armé avec un remplissage en briques avec vide isolant (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 62-64). Des entrepreneurs locaux sont appelés sur le chantier : la lustrerie est confiée à l'entreprise Gougain, la plâtrerie et peinture à Dubey, le simili-pierre à Riva Frères, la marbrerie à Stein & Tridondani et Sesti, tandis que la menuiserie est répartie entre des entreprises de Treyvaux, Marly, Ependes, Praroman et Fribourg (Jordan, 2009, p. 1 ; Diesbach, 1936, p. 123).
Cuony souhaite une architecture moderne et fonctionnelle aux lignes claires et simples, et doit s'imposer auprès de la Commission cantonale des Monuments et édifices publics de Fribourg, qui envisageait un clocher octogonal (Cuony, 1934). L'architecte opte pour un style néo-régional très épuré, teinté de références néo-romanes à l'extérieur et enrichi d'un mobilier Art déco à l'intérieur, tout à fait dans l'esprit des réalisations du Groupe de Saint-Luc. Il se distingue néanmoins de la richesse décorative des réalisations de Dumas par la sobriété des autels et notamment de l'autel majeur, qui n'est animé que par un motif de redents et gradins en marbres de différentes couleurs, surmonté d'une simple et large croix, au lieu de l'habituel retable coloré en peinture murale ou mosaïque qui caractérise d'autres églises de Dumas. La croix originale a été remplacée en 1959 par un calvaire constitué de statues du début du XVIIIe et d'un Christ du milieu du XVIIe qui se trouvait auparavant dans le cimetière (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 66).
L'impression de rigueur qui se dégage de l'intérieur de l'église est renforcée par l'absence de la polychromie d'origine imaginée par Alexandre Cingria, autre important représentant du Groupe de Saint-Luc, prévue pour souligner l'architecture. La nef était peinte en une teinte gris clair, les bas-côtés en bleu avec les intrados des arcs en brun, et le choeur en rose (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 64). Frédéric de Diesbach qualifie l'impression d'ensemble qui s'en dégageait en 1936 de "claire et pleine de légèreté" (Diesbach, 1936, p. 117). Cette polychromie a été recouverte lors de la rénovation de l'édifice en 1980 (Service des Biens culturels, 2007), lors de laquelle les murs ont été repeints dans une teinte claire et uniforme. Un projet de décoration avec un nouveau tabernacle, autel, calvaire et fonts baptismaux avait alors été proposé, sans succès (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 66). La chaire en marqueterie qui était placée dans les bas-côtés a également été déplacée dans le baptistère, situé, comme à Murist, à l'entrée de la nef, en dialogue direct avec le choeur qui lui fait face.
Il ne reste du décor d'origine que les peintures murales du Nidwaldien et membre de la Société Saint-Luc Oskar Cattani, réalisées vers 1939 au-dessus des autels latéraux, ainsi que les vitraux colorés de la nef dont la réalisation est partagée entre Cattani et Cingria. Le Neuchâtelois Théophile Robert est également l'auteur du chemin de croix peint dans les bas-côtés, et Cingria des mosaïques qui surplombent les portes à l'extérieur. En 1944-1945, deux statues de Claraz viennent enrichir la façade principale (L. Jordan, communication par courriel, 15 janvier 2022) et en 1983 de nouveaux vitraux sont posés dans les fenêtres hautes du choeur, oeuvre de l'artiste du cru Michel Riedo (Clément, Riedo, Tornare, 1993, p. 64, 67).
Besson, M. (1933, 31 janvier). Lettre de Mgr Marius Besson au curé Toffel d'Ependes. AEvF, paroisses II. 30, Ependes.
Clément, P. J., Riedo, M., Tornare, G. (1993). Ependes et Sâles : l'histoire de deux villages de leur origine à nos jours. Fribourg, Suisse : Claraz.
Cuony, A. (1934, 14 mai). Lettre d'Albert Cuony à la Commission cantonale des Monuments et édifices publics de Fribourg. AEvF, paroisses II. 30, Ependes.
Diesbach, F. (de). (1936). Églises fribourgeoises : La nouvelle église d'Ependes. Nouvelles étrennes fribourgeoises, 113-123.
Groupe romand de Saint-Luc. (1934, 25 décembre). Liste des membres au 25 XII 1934 [avec des ajouts ultérieurs]. Archives d’État de Lucerne, PA 378/70.
Jordan, M. H. (2009, 31 mars). L'intérieur de l'église Saint-Etienne d'Ependes un ensemble Art déco à remettre en valeur. SBC Fribourg, documentation Ependes.
Service des Biens culturels. (2007, 18 janvier). Notice "Ependes, église paroissiale Saint-Etienne". SBC Fribourg, documentation Ependes.