Suite à la Réforme, le catholicisme disparaît de la vallée de Tavannes jusqu’en 1871, où la messe est à nouveau célébrée. Dès 1906, celle-ci est dite tous les dimanches dans le réfectoire de la fabrique Tavannes-Watch & Co, mis gracieusement à disposition par son fondateur Henri-Frédéric Sandoz (Friat, 1997, p. 13). Le 4 avril 1922, le gouvernement bernois autorise Tavannes et sa vallée à créer une paroisse indépendante. N’ayant pas de sanctuaire pour célébrer la messe, elle envisage dès 1921 l’érection d’une église, une association gérée en Consortium étant créée dans ce but en décembre 1920.
Le Consortium décide d'organiser un concours pour l’élaboration des plans de l’église en décembre 1926, mais, en mars 1927, il revient sur sa décision après avoir fait faire des plans à plusieurs architectes sans obtenir réelle satisfaction. En novembre 1927, il fait appel à l’architecte genevois Adolphe Guyonnet et adopte ses plans le 1er mars 1928. En automne de la même année, les premiers coups de pioche pour la construction de l’église sont donnés. Le 23 juin 1929, la première pierre est posée (Friat, 1997, p. 10, 15). Nous savons que la paroisse a manqué d’argent, étant allée jusqu’à demander une aide financière au pape Pie XI (S.A., 1930).
L’église, comprenant 550 places assises, est conçue sur un plan basilical à trois nefs avec un clocher latéral et un baptistère. Pour sa décoration, sont appelés plusieurs artistes membres ou proches du Groupe de Saint-Luc, dont l'architecte Guyonnet fait également partie. La façade d’entrée est ornée d'une mosaïque illustrant la Résurrection, œuvre de l'artiste toscan Gino Severini et exécutée à Paris par Louis Barillet entre mars et octobre 1930. Suite à sa pose par un ouvrier de l’atelier parisien, Severini vient sur place effectuer quelques retouches (Radin, 2011, p. 91, 93, 95).
Théophile Robert participe en 1929 à la mise au concours pour la décoration de l'église et obtient seulement une partie de la décoration murale : le chemin de croix habillant les parois des bas-côtés de la nef, peint à la cire sur enduit de ciment (Amstutz-Peduto, 2016, p. 60 -61). Alexandre Blanchet reçoit quant à lui la commande de la peinture du maître-autel (une Crucifixion), celles des autels des bas-côtés (une Pietà et une Sainte Famille) et des parties supérieures de la nef, consacrées aux prophètes et aux apôtres. La correspondance conservée dans les archives Robert évoque un véritable esprit collaboratif entre l'architecte et les deux peintres (Amstutz-Peduto, 2016, p. 52-54).
Le sculpteur François Baud réalise un bas-relief illustrant une Sainte-Cène au-dessus du portail d’entrée, alors que Marcel Feuillat se voit attribuer le tabernacle et les chandeliers sur la base d’esquisses de Guyonnet. Beretta conçoit une mosaïque sur le thème du bon Pasteur pour la chaire et une seconde illustrant le blason de Mgr. Joseph Ambühl, évêque de Bâle et Lugano, au-dessus de l’entrée du baptistère (Courtiau, 2011, p. 127 et Friat, 1997, p. 23). Cingria réalise trois vitraux pour le baptistère et deux autres pour les confessionnaux. Selon Bouvier, des vitraux étaient envisagés pour les fenêtres de la nef dans les années suivants la construction de l’édifice (Bouvier, 1933, p. 229) mais ceux-ci n’ont jamais été réalisés, probablement pour des raisons financières.
Entre 1995 et 1996, l’intérieur de l’église fait l’objet d’une grande restauration (Courtiau, 2011, p. 127).
Amstutz-Peduto, S. (2016). Théophile Robert & la renaissance de l’art sacré / die erneuerung der sakralen Kunst. Hauterive, Lucerne : Attinger Pro Libro.
Bouvier, J.-B. (1933). La nouvelle église de Tavannes : architecte Adolphe Guyonnet Genève. Das Werk : Architektur und Kunst, 20(8), 225-229.
Courtiau, C. (2011). Tavannes. Dans Société d’histoire de l’art en Suisse (dir.), Guide artistique de la Suisse (tome 4a, p. 127-128). Berne, Suisse : Société d’histoire de l’art en Suisse.
Friat, J.-P. (1997). Tavannes Reconvilier. 1922-1997. 75. Paroisse catholique-romaine [document inédit]. Archives de la paroisse de Tavannes.
Radin, G. (2011). Il carteggio Gino Severini Jacques Maritain (1923-1966). Florence, Italie : Leo S. Olschki Editore.
S. A. (1930, 10 août). Lettre à sa Sainteté Pie XI. Archives de la paroisse de Tavannes, Suisse.