Au centre d’un oculus ornemental, le Christ est présenté de face en buste. Il fait le signe de bénédiction de sa main droite et montre, de sa main gauche, son coeur. Il se présente devant un fond ornemental en grisaille cerné de sept lobes et d’une large bordure végétale et géométrique.

Taches, coins abîmés, trous de punaises

Cette maquette en couleur consacrée au Christ au Sacré-Coeur est le dessin préalable pour la fenêtre axiale du choeur de l’église Saint-Jean-Baptiste à Grolley. Le Christ est entouré sur la maquette d’une bordure à sept lobes alors que sur le vitrail il y a huit lobes. Le vêtement du Christ a été adapté en conséquence dans la partie inférieure pour qu’il puisse s’inscrire à l’intérieur de la bordure. Stylistiquement, le visage du Christ est quelque peu différent sur le vitrail. Il ressemble davantage aux visages des saints présents dans les fenêtres du choeur qui sont dessinés avec de grands yeux en amande. Le carton (KF_1425) pour cet oculus montre uniquement la partie figurée du Christ sans la bordure.
L’église de Grolley a été construite entre 1906 et 1907 (Lauper, 2012, p. 247). L’ensemble des vitraux date de 1907 (Schroeter, 2004, p. 62) et est l’oeuvre de l’atelier Kirsch et Fleckner et Raymond Buchs. Les cartons KF_783 et KF_791 sont signés et datés. L’artiste est alors à Berlin où il dirige un atelier de graphiste pour lequel il décroche de nombreuses commandes et a un véritable succès (Rudaz, 2001a, p. 15). Cela ne l’empêche pas de garder un lien avec l’atelier Kirsch et Fleckner et de continuer à travailler pour eux (Rudaz, 2001b, p. 20). Ce cycle s’inscrit après ceux de Neyruz (1904-1906) et de Vuisternens-devant-Romont (1906). La composition des vitraux du choeur est très proche de celle de Vuisternens-devant-Romont (1906), où le saint représenté est debout devant une tenture se déployant sur les deux tiers de la hauteur.
Les médaillons figurant sur la partie supérieure des vitraux de la nef illustrent des symboles évangéliques (l’ange, le boeuf, l’aigle et le lion) et christologiques (l’agneau et le pélican). Ils sont tirés de modèles qui ont été utilisés par un autre artiste fribourgeois, Jean-Edouard de Castella, deux ans plus tôt pour les vitraux de la nef dans l’église Saint-Michel à Heitenried.
Stylistiquement, ce cycle annonce celui de Villarlod (1910) dans lequel les aspects décoratifs du vitrail prennent une place aussi importante que la représentation du saint. Quant aux personnages, l’artiste prend le parti de s’éloigner d’une représentation très réaliste pour aller vers une figuration plus stylisée.