A l’exception de la Rose, le médaillon est un des rares fragments ayant survécu à la destruction de presque tous les vitraux médiévaux de la cathédrale de Lausanne, victime entre autres d’un incendie en 1235, puis d’actes de vandalisme durant les guerres de Bourgogne et la Réforme (Amsler, 1999, p. 43). Ces vitraux rescapés ont servi comme bouche-trou (pièces de réparation pour meubler des vides) lors d’une restauration au XVIIIe siècle de la grande rose cosmologique de la cathédrale (Amsler, 1999, p. 35). Le médaillon y a été inséré au plus tard vers 1770 (Amsler, 1999, p. 70). Vers 1891, les vitraux de la rose sont déposés par Edouard Hosch et transportés dans son atelier (Amsler, 1999, p. 39). Dans le cadre de ces nouvelles mesures de conservation, le médaillon a été ôté, ensemble avec les autres éléments étrangers à l’iconographie d’origine. Parmi ces pièces dépareillées, un groupe de sept vitraux, dont notre médaillon, se composaient d’éléments médiévaux. Avec trois autres panneaux, notre fragment conservait assez d’éléments d’origine pour permettre d’identifier une provenance commune,une fenêtre consacrée à saint Jean-Baptiste (Amsler, 1999, p. 68). Cette fenêtre, ainsi que l’autel consacré à Jean-Baptiste, était située dans les parties orientales de la cathédrale, construites en 1195 déjà (Trümpler, 2006, p. 84). Ce médaillon est ainsi un des plus vieux vitraux conservés en Suisse. Les fragments récupérés dans la rose furent placés dans les fenêtres inférieures du transept sud, sous la rose (Amsler, 1999, p. 39). Ils y sont restés jusqu’en 1934 (Beer, 1956, p. 58). La frise verte brisée à palmettes et le reste d’une palmette jaune en bas du médaillon sont des vestiges de l’encadrement d’origine, lorsque le médaillon était inséré dans la fenêtre dédiée à Jean-Baptiste (Beer, 1956, p. 58). Le filet d’encadrement rouge et la frise perlée datent quant à eux de l’époque du déplacement du médaillon dans les fenêtres inférieures (Trümpler, 2001).
Les trois éléments essentiels de la scène tirée du Nouveau Testament (Jn 1:29) sont représentés de manière concise et directe, propre à l’iconographie médiévale (Trümpler, 2006): la foule, le Christ et au centre Jean-Baptiste avec son geste très explicite qui résume toute la scène. Le style, à la charnière de l’art roman et gothique, s’approche de créations bourguignones (Bergmann, 2006, p. 84). Ellen Beer y a reconnu une influence byzantine (Beer, 1956, p. 58). L’application de la grisaille des deux côtés du verre est à relever (Beer, 1956, p. 34). Les vêtements du saint et du Christ ont été restaurés en 1817 et 1822 (Beer, 1956, p. 58).