Maquette pour une dalle de verre représentant de manière stylisée le mouvement d’une montre mécanique, avec des cadrans, des bracelets, des roues, des pignons. Les motifs, bleu-gris, se détachent sur un fond vert, beige et blanc. En haut au centre sont évoquées les armoiries Fischer (deux poissons d’argent, surmontés d’une aigle bicéphale de sable); en dessous d’autres armoiries, sans doute Hediger (deux étoiles d’azur entourant un objet d’or non identifié sur fond azur). On peut deviner le chiffre 567 en rouge en bas vers la gauche. Un mince film plastique recouvre le projet, lui apportant de la brillance.

Bon

Cette maquette est un projet non retenu pour une dalle de verre monumentale réalisée en 1967 pour la villa d’Alfred Fischer, directeur de la manufacture de montres Baumgartner Frères SA à Granges (SO), divisée en quinze panneaux. Peter Travaglini a proposé trois autres variantes au commanditaire (PT_1, PT_3, PT_4), toutes évoquant la thématique des montres et leurs mouvements mécaniques, ainsi que, de manière très stylisée, les armoiries Fischer et probablement celles de son épouse, née Hediger. Contrairement aux autres variantes, l’artiste a opté ici pour une illustration en volume. C’est le projet PT_1 qui a été choisi.
La dalle de verre a été réalisée par l’atelier d’Alfred Aubert à Ecublens. Il s’agit d’un cadeau de la part du maître d’œuvre de la villa d’Alfred Fischer (P. Vogt, communication personnelle, 03.10.2017). La monumentale œuvre est composée d’un peu plus de 1900 pièces de verre et mesure environ 500 x 460 cm. La palette de couleur est restreinte à neuf tonalités: blanc, gris clair, trois nuances de bleu, deux nuances de jaunes, et deux nuances de rouge (voir l’inscription sur le carton PT_10).
Le style adopté par Peter Travaglini pour cette commande s’apparente au Pop Art. Des compositions similaires, aux couleurs assez vives et évoquant des engrenages mécaniques, l’occupent dès 1965 (cf. par exemple Killer, 2017, ill. p. 64, 65, 71). La peinture murale réalisée en 1966 pour la maison Gfeller à Grenchen (ibidem p. 70) s’en approche le plus.
Lorsque Peter Travaglini reçoit cette commande en 1967, il est un artiste reconnu, actif dans plusieurs domaines artistiques (sculpture, arts graphiques, fontaines, peintures murales, Kunst am Bau). Il possède déjà une longue expérience dans la technique de la dalle de verre. Travaglini a réalisé ses premières dalles en 1958 à l’âge de 31 ans dans l’église catholique romaine de Lyss (une dalle couvrant 140m2 et quatorze dalles de forme triangulaire, sa première commande publique) (Killer, 2017, p. 39). Pour la réalisation technique de ses dalles de verre, l’artiste a collaboré dès le début avec Alfred Aubert, de l’atelier Aubert & Pitteloud à Ecublens. Entre 1958 et 1973, ils ont réalisé ensemble des dalles de verre pour seize bâtiments en Suisse, aussi bien dans le domaine sacré que profane, public que privé. On peut citer notamment, outre l’importante commande pour l’église de Lyss en 1958, les dalles de verres dans les églises d’Ins (1964) et d’Urdorf (1964). Une seule réalisation dans cette technique – il s’agit aussi de la dernière, a été exécutée au Tessin par un autre maître verrier, Ernst Scheidegger de Fribourg, en 1977. Ensuite Travaglini a opté uniquement pour le vitrail au plomb, technique utilisée dès 1958, en collaboration avec Konrad Vetter à Berne (de 1960 à 1977), l’atelier Wüthrich à Berne (en 1962), Ernst Scheidegger à Fribourg (de 1977 à 1988) et Egon Tschanz à Schüpfen (1998).