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Ce carton en couleur est le modèle précis à l’échelle 1:1 du vitrail consacré à saint Jean-Baptiste et saint Pierre pour la première fenêtre à gauche dans le choeur de l’église Saint-Aubin à Saint-Aubin.
L’ensemble des quatre vitraux du choeur est l’oeuvre de l’artiste Henri Broillet et de l’atelier fribourgeois Kirsch & Fleckner et date de 1922, comme l’indique la date mentionnée en bas à droite sur le vitrail de la Crucifixion. Bien que partiellement effacée, nous pouvons tout de même la lire. Elle devait vraisemblablement être précédée de la signature de l’atelier qui a aujourd’hui disparu. Des traces de grisaille le laissent supposer.
L’église de Saint-Aubin est l’un des édifices religieux majeurs du XVIe siècle, en campagne. Il date de 1516-1519. En 2007, la chapelle mortuaire est pourvue de verrières de Jean-Pierre Demierre (Lauper, 2012, p. 291).
Comme il le fera à Nuvilly quinze ans plus tard, Broillet réalise certains cartons en noir et blanc et d’autres en couleur. Le vitrail dédié à Adam et Eve fait l’objet de deux cartons séparés, les autres sont des projets uniques.
Au début des années vingt, Broillet est un jeune artiste verrier. Il débute sa carrière en 1916 à l’église Saint-Pierre-et-Paul à Villars-sur-Glâne avec un cycle très réussi, de mouvance Art nouveau. En 1919, il réalise six vitraux très soignés de dimensions modestes pour la chapelle Saint-Anne à Sommentier. Il y affirme son style et ses qualités indéniables de coloriste. La même année qu’à Saint-Aubin, il crée une grande verrière pour la nef de l’église Saint-Etienne à Belfaux, composition d’un autre ordre, basée sur des faits historiques et aux coloris moins contrastés, élaborés dans une gradation délicate de tons.
Les quatre verrières de Saint-Aubin sont parmi ses plus belles créations et témoignent de toute la maturité de l’artiste. Comme pour sa grande verrière datant de 1917 à la collégiale à Romont, il utilise la couleur avec des contrastes marquants pour créer des clairs obscurs très intenses. C’est en associant un riche panel de couleurs vives et en jouant sur les nuances de chacune d’entre elles qu’il arrive à donner une grande force à son dessin. Pour accentuer la dramaturgie de ses scènes, il situe ses personnages dans un cadre nocturne et les place sur des fonds à tendance non figurative, composés de grandes pièces de verre foncées (brunes, grises, bleues, noires) travaillées à la grisaille. L’artiste dessine sur le carton de la Crucifixion le remplage de la fenêtre et l’intègre comme un élément à part entière dans sa composition.
Datation
1922
Date d'entrée
23.12.1991
Donateur·trice / Vendeur·euse
Propriétaire
Propriétaire précédent·e