Cingria réalise ce vitrail en 1922, alors qu’il achève son travail pour la basilique Notre-Dame à Genève. La même année, il conçoit la première (GE_40.01) des deux verrières pour la chapelle Notre-Dame de Ré à l’église Saint-Jean-Baptiste à Perly, également en terre calviniste.
En ce début des années vingt, Cingria n’est qu’aux prémisses de sa carrière de peintre-verrier. Il débute en 1913 pour la basilique Notre-Dame ( qu’il terminera treize ans plus tard). Entre-temps il crée en 1919 le Groupe de Saint-Luc et Saint-Maurice avec Marcel Poncet , société qui aura un impact considérable sur le renouveau de l’art sacré en Suisse romande jusqu’à la mort de l’artiste en 1945.
Cette verrière, très colorée et composée d’un enchevêtrement de lignes, est difficilement lisible et peu claire. C’est précisément ce qui est a été reproché à Cingria à ses débuts dans l’art verrier et qui va perdurer longuement, l’artiste se plaignant de cette éternelle critique à son égard dont il voudrait tant se départir encore en 1933 (Cingria, 1933, p. 27-28). Craignant son art indiscipliné, l’architecte phare du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas, refuse d’ailleurs de lui octroyer la réalisation des vitraux de la nef de l’église de Semsales en 1924, au profit de Castella, malgré le soutien de Severini, responsable de la polychromie et la décoration intérieure de l’édifice (Radin, 2011, p. 31-33). Il ne lui confiera que les petites fenêtres du baptistère.
Il n’y a pas de signature de l’atelier sur le vitrail. Nous pouvons tout de même affirmer qu’il n’est pas de l’atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner, car selon Cingria lui-même il a travaillé avec lui pour la première fois en 1927, alors qu’il ne le connaissait pas, pour la réalisation des vitraux de la nef de l’église d’Echarlens (Cingria, 1933, p. 21). Il n’est pas non plus de l’atelier lausannois Chiara avec qui il débute sa collaboration également à Echarlens. Il pourrait être de la main d’Eugène Dunand, Genevois comme lui, avec qui il travaille à plusieurs reprises sur différents vitraux pour les églises Sainte-Croix de Carouge (GE_04.01, GE_04.02, GE_04.03, GE_04.04) et Notre-Dame de l’Assomption d’Echarlens mais aucune source ne peut le confirmer. Il pourrait également avoir été réalisé par Marcel Poncet, l’artiste et verrier avec qui il a travaillé dès 1913 à la basilique Notre-Dame de Genève et qui sera avec Cingria à l’origine de la création du Groupe de Saint-Luc.
Ce vitrail, propriété de la Confédération, est placé dès sa création au Musée industriel de Fribourg (Cingria, s. d., p. 11b) jusqu’à sa fermeture en 1938.