Provenant de la collection T. Anstey Guthrie dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1934, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté de 1641, comme indiqué sur le cartouche inférieur (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; sur le legs, voir ibid., inv. C.73-1934).
La mise en page de ce rondel s’inscrit dans la tradition des vitraux héraldiques de format rond bien établie dans l’ancienne Confédération suisse. Aucune modèle de cette composition n’a toutefois été identifié.
Les Schlappritzi sont documentés dans le canton de Saint-Gall depuis le XVIe siècle où ils occupèrent plusieurs charges municipales (Rittmeyer 1931, p. 191). Les Fels, en revanche, acquirent la bourgeoisie de Saint-Gall en 1595 et 1603, sous le nom de von Fels, où, après une rapide ascension sociale due au commerce des toiles, ils fournirent plusieurs magistrats (Mayer 2005, consulté le 16 février 2021).
Fils de Christoph Schlappritzi et de Weibratha Schlumpf, Christoph Schlappritzi est né le 21 août 1601 à Saint-Gall et décédé dans cette même ville le 1er avril 1646, à l’âge de 44 ans. Fille de Peter Fels et d’Elisabeth Spindler, Martha Fels est née à Saint-Galle le 13 mai 1611 et décédée dans cette même ville le 23 mars 1653, à l’âge de 41 ans. Il se marièrent le 20 avril 1630 à Saint-Gall. De cette union naquirent neuf enfants, dont plusieurs moururent en bas âge.
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’a pas pu être établi.
En 1935, Hans Lehmann attribua le vitrail de Londres au peintre-verrier saint-gallois Heinrich Guldi (1606- doc. jusqu’en 1650), peut-être sur la base de la provenance des donateurs (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch qualifia cette attribution de „très incertaine“ et émit l’hypothèse que le vitrail pourrait revenir à un certain Hans Forrer I de Winterthour (ibid.). En 1954, il envoya une note au Victoria & Albert Museum dans laquelle il se rétracta, constatant après une recherche en archives que ce peintre-verrier n’existait pas, son existence étant due à une erreur de lecture reprise par Lehmann. Aussi, entretemps, il s’était intéressé au peintre-verrier Heinrich Guldi, élève du Zurichois Hans Jakob I Nüscheler, à qui il était en mesure d’attribuer 70 travaux réalisés entre 1623 et 1649, dont le vitrail de Londres. Cette attribution repose non seulement sur des considérations historiques mais également stylistiques, notamment l’écriture dont la fioriture, à l’instar du chiffre 1, est très caractéristique de ce peintre (ibid.).
En 1956, il publia un article sur Heinrich Guldi dans lequel il confirma l’attribution du vitrail de Londres à ce dernier et signala un second vitrail dans lequel figure les mêmes donateurs, daté de 1647, dû à Hans Jakob II Nüscheler et aujourd’hui conservé au Musée historique de Saint-Gall (Boesch 1956a, p. 32). Les Schlappritzi sont en effet à l’origine de nombreuses commandes de vitraux, dont plusieurs exemplaires nous sont parvenus (ibid.).
Cité dans :
Avant 1934, Londres (?), collection T. Anstey Guthrie ; 1934, Londres, British Museum, achat par Dr Eric G. Millar ; 1934, Londres, Victoria and Albert Museum, don