La provenance du vitrail n’est pas renseignée. Il fut acheté en 1872 par le Victoria and Albert Museum. Lors de son entrée dans les collections du musée, le vitrail était attribué de manière générique à l’école suisse ou allemande et daté du XVIe siècle (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Fils d’Anton Gasser et d’une mère dont le nom n’est pas documenté, Anton Gasser fils naquit le 2 mai 1532 à Berne et mourut dans cette même ville le 23 mai 1605, à l’âge de 73 ans. Le 15 septembre 1552, il épousa en premières noces Barbara Schwäbler, veuve de Cosmas Alder : de cette union naquit un enfant. Après 1579, il épousa en secondes noces Salome May, fille d’Ursula Haller et de Wolfgang May, membre du Petit Conseil. Le 21 février 1600, il épousa en troisièmes noces Johanna von Mülinen, fille de Beat Ludwig von Mülinen et de Margaretha Nägeli, veuve d’Augustin Wyttenbach et de David Michel. Beat Ludwig von Mülinen fut, entre autres, membre du Grand Conseil de Berne (1542), avoyer de Berthoud (1543-1550), membre du Petit Conseil (1552), bailli de Gex (1552-1560), avoyer de Berne de 1568 à 1597 et, à partir de 1570, propriétaire du manoir de Wittigkofen (sur ce dernier, cf. Müller 2008, consulté le 24 février 2021).
Anton Gasser fils a été membre du Grand Conseil (1560), bailli de Laupen (1567-1571), membre du Petit Conseil (1572), receveur du chapitre (1574), banneret de la corporation des Forgerons (1575-1604, avec interruptions), maisonneur (1580), membre de la corporation (supérieure) des Boulangers et plusieurs fois délégué, notamment en 1588 à la conclusion de la combourgeoisie entre Zurich, Berne et Strasbourg, qui devait consolider la position des Confédérés en Alsace (Bissegger 2006, consulté le 20 octobre 2020).
À une date indéterminée, peut-être en 1935, lors de son voyage à Londres, Hans Lehmann attribua le panneau au peintre-verrier bernois Thüring Walter (1546-1615) (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). Cette attribution ne suscita aucun commentaire de la part de Paul Boesch, qui semble cependant ne pas avoir vu le vitrail du Londres, du moins son nom n’apparaît pas dans la documentation correspondant à ce numéro d’inventaire (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). Cette attribution ne résiste toutefois pas à une confrontation avec les oeuvres sûres du Bernois Thüring Walter (cf. Vitrosearch).
En 2016, Rolf Hasler, Sarah Keller et Uta Bergmann rapprochèrent le vitrail de Londres d’un vitrail héraldique aux armes de Beat Ludwig von Mülinen, daté de 1587, qui présente de mêmes dimensions , une composition semblable ainsi qu’un même rythme que le panneau de Londres (Hasler, Keller et Bergmann 2016b, BE_314, consulté le 20 octobre 2020). Ces deux panneau sont dûs de toute évidence au même peintre-verrier, probablement actif à Berne, et pourraient, selon toute vraisemblance, être issus d’une même série.
Les documents d’archives font état de plusieurs vitraux qui portent les armes ou le nom d’Anton Gasser, dont au moins quatre nous sont parvenus (Berne, Musée historique, inv. 1926 ; Hythe, Saltwood Castle ; Königsfelden, Psychiatrische Klinik ; Aarwangen, église réformée – cf. Lehmann 1945, p. 43 et 47) : cette dernière, datée de 1577, est manifestement due à la même main que le panneau de Londres et celui aux armes de Beat Ludwig von Mülinen (Hasler, Keller et Bergmann 2016a, consulté le 20 octobre 2020).
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