Ce vitrail a été réalisé en 1952 par l’artiste Paul Monnier et l’atelier Chiara de Lausanne, pour la tribune des orgues de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Lausanne, communément appelée Notre-Dame du Valentin en raison de son implantation.
Cette rose complète le cycle de vitraux réalisé en 1933 dans les lunettes de la nef et du choeur par Alexandre Cingria et l’atelier Chiara, réalisation qui s’inscrit dans le cadre de la grande rénovation de l’édifice entreprise par l’architecte du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas, entre 1931 et 1934. Lors de ce grand chantier, on conserve les vitraux des fenêtres basses de la nef, datant de 1887 (Ackermann, 2012, p. 10). Le souhait de réaliser de nouveaux vitraux pour la nef, l’entrée et les tribunes est néanmoins exprimé rapidement par la paroisse, mais faute de moyens financiers, seul un unique vitrail supplémentaire de Cingria sera réalisé à la tribune des chanteurs en 1941, financé par un donateur anonyme (Mauvais, 1941). En 1952, grâce à un don de Monsieur et Madame Grumser, un nouveau vitrail peut-être réalisé (Bulletin paroissial, 1952), dont la conception est due à l’artiste valaisan Paul Monnier, membre du Groupe romand de Saint-Luc qui n’existe alors plus à cette date. Malgré le voeu exprimé par le curé Albert Catto de poursuivre cet effort par la réalisation de nouveaux vitraux dans les grandes fenêtres de la nef (Bulletin paroissial, 1952), les verrières du XIXème siècle seront maintenues jusqu’à la grande rénovation de l’édifice entreprise entre 1975 et 1977 par l’architecte Jean-Pierre Fragnière, lors de laquelle l’artiste vaudois Pierre Estoppey réalise les verrières ornementales colorées qui habillent encore la nef actuellement (Ducarroz, Imsand, 1985).
Pour cette rose, Monnier opte pour une iconographie mêlant la Vierge de l’Assomption, la Reine des Cieux et l’Immaculée Conception. La Vierge est représentée portée au ciel par des anges qui s’apprêtent à la couronner, tandis que sa tête est ceinte d’une couronne d’étoiles et qu’elle se tient sur un croissant de lune, selon la description du Livre de l’Apocalypse, à laquelle la représentation de l’Immaculée Conception est souvent liée. Nouvelle Eve, elle foule aux pieds le serpent, rachetant le pêché de l’humanité (Marianna, 2012). Pour la robe et le voile de la Vierge, Monnier se distingue du bleu traditionnellement associé à la Vierge, pour y intégrer des dominantes de turquoise. Ce choix découle probablement d’une volonté de faire écho à la couleur verte de la Vierge peinte par Severini dans l’abside, pour laquelle l’artiste toscan avait justement choisi un “vert émeraude froid, tendant au bleu” (Severini, 1935).
Mais Monnier fait probablement également référence à une autre oeuvre d’art emblématique du patrimoine lausannois : la rose médiévale de la cathédrale. En effet, il inscrit sa Vierge au centre d’un cercle composé d’anges musiciens, mais également, dans le cercle extérieur, des représentations des signes du zodiaque. Cette combinaison rappelle l’iconographie de la rose du monument lausannois, dont le médaillon central comprenait probablement, avant sa restauration à la fin du XIXe siècle par le verrier Edouard Hosch, une personnification de l’année “annus” (Beer 1956, p. 45), au centre de cette image chrétienne du temps et du monde incarnée, entre autres, par les personnifications des saisons, des signes astrologiques et des travaux des mois (Kurmann-Schwarz, 2012, p. 227-245). Ce vitrail de Monnier constitue donc une étape supplémentaire du jeu symbolique qui consiste à mettre en dialogue la cathédrale, première église dédiée à Notre-Dame du chef-lieu vaudois, et la nouvelle église catholique Notre-Dame. Par la construction du haut clocher de 32 mètres, Fernand Dumas mettait déjà en relation visuelle l’édifice du Valentin avec le monument qui le surplombe depuis la Cité. Severini représentait quant à lui la silhouette de la cathédrale en arrière-plan de la partie gauche de sa peinture murale.
Le carton ayant servi à la réalisation de l’oeuvre a été offert par Monnier au Musée de la Majorie en Valais en 1967 (Les Musées cantonaux de la Valère et de la Majorie en 1967, 1967, p. XXI). Il est en tout point similaire au vitrail, en dehors de l’expression de certains visages, plus marquée sur le vitrail, à l’instar de celui de la Vierge.