Provenant de la collection T. Anstey Guthrie dont l’ensemble a été légué au Victoria and Albert Museum en 1934, le vitrail, qui est dans un excellent état de conservation, était considéré lors de son entrée dans les collections comme suisse et daté du XIXe siècle (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013 ; Rackham 1929, p. 55-60 ; sur le legs, voir ibid., inv. C.73-1934).
Famille de bourgeois de la ville de Berne, autrefois patricienne et ayant ses racines dans la noblesse ministérielle, les von Erlach sont mentionnés pour la première fois comme châtelains de Cerlier (en all. Erlach) sur les rives du lac de Bienne, au service des comtes de Nidau. Bourgeois de Berne vers 1300, membres de la société noble du Distelzwang et plus tard de la corporation des forgerons, ils devinrent l'une des principales familles bernoises, figurant aux XVIIe et XVIIIe siècles parmi les six qui constituaient la classe la plus élevée de la bourgeoisie de Berne. Alliée avec des familles bourgeoises, nobles (les Mülinen) ou non (les Diesbach, les Wattenwyl), la famille se sépara en deux lignées principales et donna, avant 1798, nombre de grands et petits conseillers, de baillis et sept avoyers, dont plusieurs eurent aussi la charge de banneret des Forgerons (Braun 2006, consulté le 16 février 2021).
Sur la base de l’inscription sur le parapet, deux donateurs entrent en ligne de compte pour le présent panneau, à savoir Burkhart von Erlach (1535-1566), seigneur de Jegenstorf (Erlach 1989, Stamm-Taf. D VIII, E1 IX), ou Burkhart von Erlach (1533-1577), fils de Diebold (ibid., Stamm-Taf. D VIII, E1 IX). De ces deux membres de la famille bernoise von Erlach, c'est toutefois le premier qui est le plus à même d'être considéré comme la personne à laquelle le panneau de Londres semble faire référence. Marié à Adelheid Sigelmann, il aurait renoncé en 1563 (?) à ses droits de bourgeoisie à Berne. Il est ensuite devenu le fondateur de la lignée allemande d'Altenburg.
En 1935, Hans Lehmann émit l’hypothèse selon laquelle le vitrail aurait été exécuté par le peintre-verrier bernois Joseph Gösler (doc. 1540-1585), dont il n’existe toutefois aucune oeuvre sûre ou signée de ce dernier (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch fit observer qu’il s’agit d’une copie, vraisemblablement du XIXe siècle (ibid.).
Dans un article paru en 1936, Boesch rapprocha cependant le vitrail de Londres de deux autres panneaux dus au même commanditaire et également datés de 1563, anciennement conservés dans la collection privée de F. E. Syndey (Boesch 1936, p. 44, nos 24 et 25). Passé en vente en 1938 chez la Galerie Fischer à Lucerne, l’un d’eux est aujourd’hui conservé au Musée historique de Berne, anciennement attribué à l’atelier de Joseph Gösler : avec dans la partie inférieure un cartouche avec une dédicace identique, ce vitrail pourrait par conséquent constituer le modèle du panneau de Londres (cf. Hasler et Keller 2016, consulté le 16 février 2021, BE_857).
L’emplacement d’origine du modèle n’est cependant pas établi.
Cité dans :
Avant 1934, Berne, collection von Arx ; avant 1934, Londres (?), collection T. Anstey Guthrie ; 1934, Londres, British Museum, achat par Dr Eric G. Millar ; 1934, Londres, Victoria and Albert Museum, don