Au centre du vitrail à deux lancettes se trouve l’Adoration des bergers dans un médaillon : à gauche, trois bergers viennent rendre hommage à l’enfant Jésus. Au premier plan, un homme arborant une barbe blanche est agenouillé, les mains jointes. Il porte une besace en bandoulière et une canne. Le second est debout et tient un agneau dans son bras droit. Derrière, le troisième, plus jeune, est debout et lève sa main droite en signe de salutation. Devant eux à l’arrière-plan, les têtes de l’âne et du boeuf. A droite, l’enfant Jésus est assis dans une mangeoire, les bras ouverts devant lui. A ses côtés à droite, la Vierge est agenouillée les mains jointes, le visage représenté de trois quarts. Debout derrière elle, Joseph, les deux mains appuyées sur une canne, regarde l’enfant. Au premier plan, une lanterne avec une bougie allumée est posée au pied de la mangeoire et sous celle-ci il y a deux fagots de paille. Au second plan, une étable faite de briques et d’une charpente de bois, laisse apparaître par une ouverture un paysage de montagnes avec un ciel traversé par deux nuages.
La bordure de ce médaillon est composée de fleurs et de feuilles disposées en alternance.

Ce vitrail figurant l’Adoration des bergers se situe dans la quatrième fenêtre à droite dans la nef de la nouvelle église Sankt Stephan au Jaun.
Le cycle des vingt vitraux pour l’église Sankt Stephan au Jaun date de 1908-1910, années de construction du sanctuaire (Lauper, 2012, p. 135; Buchs, 2010, p. 7-9). Contrairement à l’église de Villarlod, datant de 1910, aucun des vitraux et des cartons n’est signé de Raymond Buchs, pourtant l’attribution de ces oeuvres à l’artiste ne fait aucun doute. Stylistiquement, ces vitraux se rapprochent des cycles de Neyruz (1904-1906) et d’Onnens (1911-1913). Parmi les vingt verrières, cinq sont ornementales. Il nous est impossible de dire si elles ont été imaginées par l’artiste lui-même ou si elles sont l’oeuvre de l’atelier, d’autant plus qu’il n’existe dans le Fonds graphique de l’atelier aucun carton pour ces verrières. Les deux figures de saint Pierre et saint Paul dans le choeur ont été reprises en 1911-1913 pour les vitraux dédiés aux mêmes saint à l’église d’Onnens. Par contre, l’arrière-plan a changé : ornemental au Jaun, il comprend un paysage à Onnens. Des recherches dans le fonds graphique de l’atelier Kirsch & Fleckner nous ont permis de découvrir deux cartons dessinés par Buchs avec ces fonds à paysage et le contour précis de chacun des saints (KF_1173 et KF_1174).
Raymond Buchs, entre 1908 et 1910, est encore à Berlin où il dirige un atelier de graphisme pour lequel il décroche de nombreuses commandes et a un véritable succès (Rudaz, 2001a, p. 15). Cela ne l’empêche pas de garder un lien avec l’atelier Kirsch & Fleckner et de continuer à travailler pour eux (Rudaz, 2001b, p. 20). Lorsqu’il rentre à Fribourg en 1911 (Rudaz, 2001a, p. 15), il travaille au cycle d’Onnens qui est sa dernière contribution à l’art du vitrail.