Provenant de la collection Henri Vaughan, dont les vitraux ont été légués en 1900 au Victoria and Albert Museum, le vitrail était considéré lors de son entrée dans les collections comme allemand voire suisse et daté de 1546, comme indiqué sur le cartouche central (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013).
Le vitrail représente dans la partie supérieure l’histoire un épisode de la mythologie romaine : l’histoire de Marcus Curtius qui, pour sauver Rome de la colère de Pluton, se sacrifia en plongeant avec son cheval dans un gouffre ouvert sur la place du Forum, le menant directement aux Enfers. Dans la partie inférieure figurent les armes des donateurs.
En 1952, Paul Boesch fit observer que les patronymes Graf et Grimlin proviennent du canton de Saint-Gall. Si la famille Grimlin n’a à ce jour pas pu être identifiée, celle de Graf, dont les armes correspondent, constituent effectivement une famille documentée à Saint-Gall depuis 1375 (cf. Schnellmann 1926, p. 625). En 1954, Boesch précisait que Heinrich Graf était membre de l’un des Conseils de Saint-Gall (Boesch 1954f, p. 78). Cette information n’a pas pu être vérifiée et la source de Boesch n’a pas pu être identifiée.
L’emplacement d’origine de ce vitrail n’a pas pu être établi.
Attribué dans un premier temps à l’école allemande voire suisse, ce vitrail a été rendu à l’école suisse par une annotation non signée ni datée conservée à la documentation du Victoria and Albert Museum (V&A, documentation, état du 20 décembre 2013). En 1952, Paul Boesch le rapprocha d’un autre vitrail, également conservé au Victoria and Albert Museum et daté de 1549, qu’il attribua tous deux au peintre-verrier zurichois Carl von Egeri : il s’agit d’un vitrail héraldique aux armes de Jacob Gaudenz Blarer de Wartensee (VAM_25 – ibid.).
Le vitrail de Londres peut en effet être comparé à des oeuvres attribuées à ce dernier, à l’instar du vitrail héraldique aux armes de Joachim von Watt, daté de 1548 et conservé au château Altenklingen à Wigoltingen (TG – cf. Hasler et Keller 2020, TG_174, consulté le 7 mai 2021), où l’on retrouve le même type de mise en page, le fond damassé ou encore la manière de réaliser les mascarons ou encore le millésime.
Outre les similitudes technique et stylistique de ces trois vitraux, leurs commanditaires partagent une même aire géographique – le Nord-Est de la Suisse -, mettant en évidence la diversité de la clientèle du peintre-verrier zurichois Carl von Egeri.
Cité dans :
Boesch 1954f, p. 78