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Ce carton en couleur est le dessin précis à l’échelle 1:1 pour la partie inférieure de la deuxième fenêtre à droite dans le choeur du temple de Coppet.
La comparaison de ce carton avec le vitrail nous permet de constater qu’aucun changement n’a été effectué entre ces deux étapes de la création.
Dans le fonds Charles Clément donné au Vitromusée Romont en 1995, plusieurs esquisses, dessins et maquettes sont consacrés aux vitraux du temple de Coppet. Quatre dessins, les CHC_050, CHC_051, CHC_053 et le recto du CHC_052, sont dédiés à cette fenêtre et à celle d’à côté. A la lecture de ces premiers dessins, nous constatons que de grands changements ont été établis lors du processus créatif, et cela jusque dans le choix des protagonistes. Toutes les esquisses (CHC_050, CHC_051, CHC_053 et le recto du CHC_052) montrent Jérémie, Moïse, Abraham et Noé alors que les cartons (KF_1237 et KF_1238) des deux verrières dévoilent les figures de Moïse, Abraham, Jérémie et David, préféré à Noé, qui sera déplacé dans une fenêtre haute à droite dans la nef certainement à la demande des commanditaires. La distribution des personnages sur les quatre lancettes a également évolué. Alors que sur les projets (CHC_050, CHC_051, CHC_053 et le recto du CHC_052) Moïse était associé à Jérémie et Abraham à Noé, sur les cartons, c’est Moïse qui est lié à Abraham et David à Jérémie. D’un point de vue du dessin aussi des modifications importantes ont été apportées. Alors que sur les maquettes, Jérémie se présente de face les bras levés au-dessus de sa tête, sur le carton il tient sa tête entre ses mains en signe de désespoir après la destruction de Jérusalem. De nouvelles scènes pour les parties supérieures et inférieures ont été définies. Clément et les commanditaires semblent avoir choisi de réunir les trois scènes précédemment esquissés en une seule.
Tous ces changements nous permettent de constater qu’il n’est pas toujours aisé pour un artiste et les commanditaires de définir non seulement les personnages à représenter mais aussi les scènes qui les caractérisent. Des tâtonnements sont parfois nécessaires pour arriver à une solution qui puisse satisfaire tout le monde.
Charles Clément réalise les vitraux pour le temple de Coppet en deux phases. Il est appelé une première fois pour les vitraux du choeur (Crucifixion et les deux verrières d’évangélistes) entre 1933 et 1934, qu’il réalise en collaboration avec l’atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner. Vingt ans plus tard, en 1953-1955, il réalise avec l’atelier Kirsch frères les vitraux pour la nef et la façade occidentale.
En 1933, il est de retour en Suisse depuis une année après cinq ans passés à Paris et Marseille et continue son activité liée au vitrail (Rouiller, 1989, p. 199-200) commencée dix ans auparavant avec des verrières pour le temple d'Arnex (1922) (Courthiau, 2011, p. 327). Alors qu’il débute son travail pour les verrières du temple de Coppet, il est en train de terminer celui pour la cathédrale de Lausanne. Il y a réalisé quinze vitraux entre 1930 et 1934. Il vient également de terminer la grande verrière du choeur pour l’église de la commune voisine de Coppet, Commugny (1933) et va s’occuper de la création des vitraux pour le temple de Cuarnens (1935) (Rouiller, 1989, p. 205).
Lorsqu’il commence la seconde phase de sa création à Coppet, Clément s’occupe en même temps de la réalisation de cinq vitraux pour l’église de Crêt-Bérard à Puidoux et de quatre verrières pour l’église réformée de Goumoens-la-Ville (1953). En juin 1954, le vitrail du Christ Roi pour l’église Saint-Luc à Lausanne est inauguré (Rouiller, 1989, p. 205).
Entre ces deux époques le style de Clément a évolué. Pour les trois verrières du choeur, l’artiste compose un dessin avec une multitude de pièces de verres très petites et modèle ses personnages dans un style cubiste. Vingt ans plus tard, il simplifie ses motifs, agrandit les verres et va à l’essentiel. Son travail sur la couleur semble suivre le même chemin. Alors qu’il juxtapose une multitude de couleurs dans ses premières verrières, parfois se contrastant fortement, il préfère l’harmonie des teintes dans cette seconde phase créative. La verrière du Jugement dernier en est un parfait exemple. Composée dans une déclinaison allant du lie de vin au mauve, l’impression générale est harmonieuse et paisible alors que le vitrail consacré à la Crucifixion dégage une impression d’hétérogénéité qui fait néanmoins toute la force de la verrière.
Datation
1953
Date d'entrée
23.12.1991
Donateur·trice / Vendeur·euse
Propriétaire
Propriétaire précédent·e