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Ce dessin en noir et blanc est la première esquisse pour la deuxième fenêtre haute à droite dans la nef du temple de Coppet.
Un second projet, le CHC_036, reprend la majeure partie des éléments présents sur cette maquette tout en modifiant certains détails. L'artiste a ajouté sur les épaules de la personne qui se trouve derrière la femme levant ses bras au ciel un enfant et un second est debout à ses côtés. A côté de la cruche flottant dans l'eau au premier plan il a joint une bouteille.
Dans le fonds graphique de l'atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner, donné au Vitrocentre Romont en 1991, nous possédons les cartons réalisés dès 1953 pour la seconde phase créative de ce cycle de Coppet de Charles Clément. La comparaison de ces deux esquisses avec le carton définitif KF_1234, nous permet de constater que d'autres changements ont été opérés. Alors que le sujet de la lancette de gauche semble avoir été défini de manière presque définitive dès le premier dessin, celui de la lancette de droite a subi plusieurs modifications importantes. Sur les deux dessins on voit au premier plan, aux côtés de l’homme qui se raccroche au cou d’un boeuf, le bras d’une personne se noyant. Cette idée a été abandonnée dans le projet définitif. Une troisième variante a été proposée par l'artiste pour les personnes entourant la femme s'adressant au ciel. Il simplifie la scène en réduisant le nombre de protagonistes et les place côte à côte. L'homme est devenu vraisemblablement une femme et c'est un adolescent qui s'accroche à sa mère plutôt qu'un autre adulte placé derrière elle. L'enfant sur l'épaule de sa maman, sur la lancette de gauche, a changé de position. Alors qu'il était de dos sur les deux esquisses, l'artiste l'a tourné et montre au spectateur sa peur en lui voilant les yeux.
Des modifications entre le carton KF_1234 et le vitrail ont encore été faites. Sur la lancette de gauche, l’homme ne porte plus la barbe mais son regard paraît beaucoup plus effrayé. Sur celle de droite, le visage de la personne agenouillée a subit une correction sur le carton qui nous permet de penser que Clément a préféré avoir une femme plutôt qu'un homme, cela se vérifiant sur le vitrail.
Charles Clément réalise les vitraux pour le temple de Coppet en deux phases. Il est appelé une première fois pour les vitraux du choeur (Crucifixion et les deux verrières d’évangélistes) entre 1933 et 1934, qu’il réalise en collaboration avec l’atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner. Vingt ans plus tard, en 1953-1955, il réalise avec l’atelier Kirsch frères les vitraux pour la nef et la façade occidentale.
En 1933, il est de retour en Suisse depuis une année après cinq ans passés à Paris et Marseille et continue son activité liée au vitrail (Rouiller, 1989, p. 199-200) commencée dix ans auparavant avec des verrières pour le temple d'Arnex (1922) (Courthiau, 2011, p. 327). Alors qu’il débute son travail pour les verrières du temple de Coppet, il est en train de terminer celui pour la cathédrale de Lausanne. Il y a réalisé quinze vitraux entre 1930 et 1934. Il vient également de terminer la grande verrière du choeur pour l’église de la commune voisine de Coppet, Commugny (1933), et va s’occuper de la création des vitraux pour le temple de Cuarnens (1935) (Rouiller, 1989, p. 205).
Lorsqu’il commence la seconde phase de sa création à Coppet, Clément s’occupe en même temps de la réalisation de cinq vitraux pour l’église de Crêt-Bérard à Puidoux et de quatre verrières pour l’église réformée de Goumoens-la-Ville (1953). En juin 1954, le vitrail du Christ Roi pour l’église Saint-Luc à Lausanne est inauguré (Rouiller, 1989, p. 205).
Entre ces deux époques le style de Clément a évolué. Pour les trois verrières du choeur, l’artiste compose un dessin avec une multitude de pièces de verres très petites et modèle ses personnages dans un style cubiste. Vingt ans plus tard, il simplifie ses motifs, agrandit les verres et va à l’essentiel. Son travail sur la couleur semble suivre le même chemin. Alors qu’il juxtapose une multitude de couleurs dans ses premières verrières, parfois se contrastant fortement, il préfère l’harmonie des teintes dans cette seconde phase créative. La verrière du Jugement dernier en est un parfait exemple. Composée dans une déclinaison allant du lie de vin au mauve, l’impression générale est harmonieuse et paisible alors que le vitrail consacré à la Crucifixion dégage une impression d’hétérogénéité qui fait néanmoins toute la force de la verrière.
Datation
1954
Date d'entrée
1995
Donateur·trice / Vendeur·euse
Propriétaire