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Cette maquette en couleur est un dessin à l'échelle réduite pour la verrière de la façade occidentale pour le temple de Coppet.
Un deuxième projet, le CHC_048, reprend avec plus de précisions le dessin esquissé sur cette maquette. Un troisième dessin, le recto du CHC_049, est une esquisse de la partie centrale de la verrière alors que sur le verso sont ébauchés au crayon le Christ juge et l'archange Michel.
Dans le fonds graphique de l'atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner, donné au Vitrocentre Romont en 1991, il existe trois cartons définitifs (KF_1228, KF_1229 et KF_1230) pour cette verrière. Leur comparaison avec les trois esquisses et le vitrail nous permet de constater que quelques changements ont été opérés. Alors que le Christ se présentait debout dans les deux premières maquettes, Clément a choisi finalement de l'asseoir sur un trône, comme il l'a évoqué dans le verso du dessin CHC_049. Il semble avoir hésité pour savoir de quelle main il était préférable que l'archange Michel tienne son épée flamboyante. Sur le carton définitif (KF_1230), il change encore d'opinion pour finalement la faire porter de la gauche et devant lui. Quant aux âmes, elles ont également été modifiées des deux côtés. Sur les maquettes, le groupe des élus s'éloigne vers la gauche, leur regard tourné droit devant eux alors que sur le verso du dessin CHC_049, il leur fait lever légèrement la tête vers les anges musiciens. Sur le carton et le vitrail, il va encore plus loin en les stoppant dans leur marche, pour qu'elles se retournent et regardent vers les anges. Du côté des enfers, les âmes sur les maquettes acceptent avec une certaine résilience d'être poussées dans les flammes par des démons alors que sur le carton et le vitrail elles montrent physiquement leur effroi et leur peur à être jetées aux enfers.
L'étude de ces différentes étapes dans la création de ce vitrail nous révèle que l'artiste a travaillé chaque détail de ce Jugement dernier et n'a pas hésité à faire des changements d'importance jusque dans la phase ultime. Cela démontre aussi qu'un échange régulier a certainement eu lieu avec le commanditaire qui a souhaité des modifications tout au long du processus créatif.
Charles Clément réalise les vitraux pour le temple de Coppet en deux phases. Il est appelé une première fois pour les vitraux du choeur (Crucifixion et les deux verrières d’évangélistes) entre 1933 et 1934, qu’il réalise en collaboration avec l’atelier fribourgeois Kirsch et Fleckner. Vingt ans plus tard, en 1953-1955, il réalise avec l’atelier Kirsch frères les vitraux pour la nef et la façade occidentale.
En 1933, il est de retour en Suisse depuis une année après cinq ans passés à Paris et Marseille et continue son activité liée au vitrail (Rouiller, 1989, p. 199-200) commencée dix ans auparavant avec des verrières pour le temple d'Arnex (1922) (Courthiau, 2011, p. 327). Alors qu’il débute son travail pour les verrières du temple de Coppet, il est en train de terminer celui pour la cathédrale de Lausanne. Il y a réalisé quinze vitraux entre 1930 et 1934. Il vient également de terminer la grande verrière du choeur pour l’église de la commune voisine de Coppet, Commugny (1933), et va s’occuper de la création des vitraux pour le temple de Cuarnens (1935) (Rouiller, 1989, p. 205).
Lorsqu’il commence la seconde phase de sa création à Coppet, Clément s’occupe en même temps de la réalisation de cinq vitraux pour l’église de Crêt-Bérard à Puidoux et de quatre verrières pour l’église réformée de Goumoens-la-Ville (1953). En juin 1954, le vitrail du Christ Roi pour l’église Saint-Luc à Lausanne est inauguré (Rouiller, 1989, p. 205).
Entre ces deux époques le style de Clément a évolué. Pour les trois verrières du choeur, l’artiste compose un dessin avec une multitude de pièces de verres très petites et modèle ses personnages dans un style cubiste. Vingt ans plus tard, il simplifie ses motifs, agrandit les verres et va à l’essentiel. Son travail sur la couleur semble suivre le même chemin. Alors qu’il juxtapose une multitude de couleurs dans ses premières verrières, parfois se contrastant fortement, il préfère l’harmonie des teintes dans cette seconde phase créative. La verrière du Jugement dernier en est un parfait exemple. Composée dans une déclinaison allant du lie de vin au mauve, l’impression générale est harmonieuse et paisible alors que le vitrail consacré à la Crucifixion dégage une impression d’hétérogénéité qui fait néanmoins toute la force de la verrière.
Datation
1953
Date d'entrée
1995
Donateur·trice / Vendeur·euse
Propriétaire